Sorti en 2002, Musicide, le premier Nobs, comportait quelques bons titres, "Fair Weather Song" ou "Idiot Box" par exemple. Toutefois, cela ne suffisait pas à faire sortir ce rappeur, apparu dans le sillage de Brad Hamers de Phlegm, du marais des Internet MC’s. Mais avec Workin, c’est différent. Même si Nobs ne renie en rien son registre, celui du rappeur underground blanc révolté contre le Monde et contre lui-même, cet album est un ton au-dessus du précédent.

NOBS - Workin'

Tantôt notre homme est en colère. Il se fâche tout rouge contre l’horreur radiophonique ("Radio"), contre l’exploitation par le travail ("Work"), contre la politique étrangère américaine ("I Sing Happy Birthday with Grenades in my Mouth"), contre sa copine qui ne l’aime pas assez ("Snap"), et tout cela avec une virulence inédite chez lui. Tantôt, il s’attendrit pour une putain ("Pass Go") ou bien il s’apitoie sur le destin d’un guitariste ("Memoirs of a Guitar Player"). Le thème principal de l’album, le travail, n’est pas non plus très neuf. Mais avec l’apparition récurrente du personnage de Big Moses et son emploi absurde, Nobs tient le bon bout.

Les beats aussi, assurent. Nobs, qui gère seul le gros de la production, sait un peu mieux varier les plaisirs que sur un Musicide trop plein de boucles sans saveur, et jamais assez courtes. Cette fois, il s’autorise une virée funk ("Pass Go"), il fait péter l’accordéon sur "Radio", l’orgue sur "Big Moses Is Art", une sorte de clavecin sur "You Won’t Be Here Again" ou de trombone sur "Stardust". Un air vaguement country s’impose pour raconter l’histoire d’un guitariste du Sud ("Memoirs of a Guitar Player"), et on entend même un bout de "God Save The Queen" sur "I Sing Happy Birthday…". Et au bout du compte, les trois quarts au moins de ces sons s’avèrent rien de moins qu’excellents. Ce qui fait toute la différence avec le précédent album et emporte la mise. Nobs a bien travaillé, son album s’additionne à la liste des incontournables de 2004.

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