On pensait bien connaître le rap canadien par ici, sous toutes ses formes. Mais cette fois, tout de même, c'est inédit. Matt Collins, Gregory Collins, Star DT, Wolfgang Nessel, Catherine Ribeiro, Barcelona Pavilion et Steven Kado (ex-Hidden Cameras – ouf, une référence connue), basés près de Toronto, donnent dans le "positive hardcore dance-rap". Tel est le terme dans le dossier de presse, et pour une fois il est plutôt bien choisi, pour le meilleur comme pour le pire.

NINJA HIGH SCHOOL - Young Adults Against Suicide

Ninja High School, manifestement, ce sont des gens qui se sont dits un soir, dans un club, et à l'issue d'une fête arrosée, "ouais, allez les gars, on va monter un groupe de rap". Comme ça, spontanément, sans avoir jamais mentionné ou préparé la chose avant. Le fruit de cette initiative est un disque festif fait par de vrais musiciens et faux hip-hopers, emmené par un MC amateur bourré d'enthousiasme et qui rappe comme une casserole, soutenu par une chanteuse qui braille et agrémenté d'instrus aussi cacophoniques que pleines d'entrain.

Ce disque sonne comme un énorme gag avec son rap piaillard et tapageur, son hip-hop de blancs façon Beastie Boys époque Licensed To Ill en moins hard-rock et en moins bien (il y a un titre qui s'intitule "It's All Right to Fight" et qui pourrait bien être un clin d'oeil, même si l'instru évoque plutôt le "Groove is in The Heart" de Deee-Lite). L'album est une décharge continue d'électronique déglinguée, de raps d'opérette, de hurlements, de refrains bancals (un banal "shake your heads, hands up", des choses comme "you're going in a fucking ambulance"), de disco de l'an 2000, de ska, de cuivres qui arrachent, d'extrait détraqué de "Paint It Black".

Ca claque, ça virevolte, ça bouge et ça fait du boucan comme une bande d'ivrognes lâchée dans la nuit en pleine ville. Et il y a des petites graines de tubes telles que "Jam Band Death Cult", "Shake It Off", "By Purpose Not By Plan", "Catholic Fashion" et "We Finish Third" à reprendre gaillardement en chœur comme une chanson à boire. Avec tout cela, Young Adults Against Suicide s'écoute avec joie, mais dans une seule circonstance : en fin de soirée et pour une assistance au dernier degré de l'éthylisme, pour des gens encore prêts à s'éclater mais plus vraiment à même d'apprécier quelque musique que ce soit. Ce n'est pas très flatteur de ramener ce disque à cela, mais à coup sûr, c'est bien l'usage auquel le destinaient ses auteurs.

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