Le problème du premier album solo de Big Jus et de ses diverses incarnations (Plantation Rhymes, Big Justoleum ou Black Mamba Serum), c'est que rien n'y était acquis. Le disque comprenait bien quelques passages forts prometteurs, mais rien n'était sûr et définitif. Histoire donc d'en avoir le coeur net, nous devions nous pencher avec une grande curiosité sur le projet NMS, un duo entre le rappeur new-yorkais et le californien Orko the Sycotik Alien très intrigant sur le papier. Malheureusement, sur disque, c'est une bien autre affaire.

NMS - Woe To Thee O Land Whose King Is A Child

Big Dada :: 2003 :: acheter ce disque

Les deux hommes, qui se sont découverts une même source d'inspiration et un ennemi fédérateur, le vilain George Bush, font un bien piètre usage de cette passion commune. Leur album est bourré d'observations et d'admonestations politiques risibles. Quand sur son récent Atoms of Eden, Orko sort un "In America's new war, the enemy is fear", c'était bien vu, nous ne pouvions qu'opiner. Mais quand Big Jus nous crie "Mr. Bush your system has failed, stop your killing machines", ça devient franchement grotesque. Nous pourrions passer outre cet engagement de bacs à sable. De Public Enemy à Dead Prez, personne n'a jamais demandé aux rappeurs d'être de brillants théoriciens, la colère et l'efficacité de leurs brûlots nous ont toujours suffi. Mais NMS est loin du compte.

La musique électronique sombre qui accompagne tout cela est aussi poussive et prévisible que les verbiages. Et quand s'y ajoutent les méchants rires qui font peur, les choeurs infâmes ("Brave new world, it's a brave new world, here we go, yo"), les mitraillettes pétaradantes et les bouts de discours certifiés d'origine du méchant Texan de l'histoire, cela donne un disque ridicule, une plaisanterie même pas plaisante, à laquelle le flow estampillé Californie d'Orko ne change pas grand chose.