Low Life Records, 2003
Le hip hop anglais est une longue histoire d'espoirs déçus et de fausses couches. Il naît, il meurt, il ressuscite régulièrement. Et entre deux, il vivote. D'un côté, les copieurs laborieux des grands frères américains, des gens qui sont parfois allés jusqu'à perdre leur accent, des artistes rarement inoubliables (c'était il y a quelques années seulement, mais qui se souvient des Creators, des Nextmen, de Mark B & Blade ?). De l'autre, les adeptes d'un hip hop métissé bubble gum de branleurs, du big beat aux Freestylers et à Dizzee Rascal. Porté par une rumeur favorable et le parrainage de Lewis Parker, Jehst appartient sans hésitation à la première école, celle des orthodoxes, celle des traditionalistes, même si l'Angleterre apparaît clairement en arrière-plan de ses paroles et que l'accent est tout de suite reconnaissable. Son premier album est un gros bloc homogène de hip hop classique, downtempo et rempli de basses, il est marqué par une certaine habileté verbale et parle de la vie du point de vue du petit, du laissé-pour-compte, sans sombrer pour autant dans le cliché grossier. Mais pour le coup, il risque peu de toucher d'autres gens que les inconditionnels du genre. Un bon album, sans doute, pour ceux qui n'écoutent que cette musique. Une longue épreuve pour les autres. A moins de se contenter du titre le plus saillant, un "ESP" consacré aux tortures de l'amour.