Kanser est par excellence le groupe hip hop indé moyen. Issu du considérable vivier rap du Mid West apparu dans le sillage d'Atmosphere, le groupe de Minneapolis au joli logo (un micro en forme de sexe qui éjacule) propose un rap parfaitement présentable mais pas franchement révolutionnaire, de bons singles malheureusement délayés sur des albums remplissages. Sorti en 2000 chez Interlock, Inner City Outer Space est le type même de ces albums trop verts, sorti avant d'avoir mûri.

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Passée l'intro ("Love in your Face"), l'album commence par un titre entre le correct et le chiant ("All the Above"), enchaîne avec une petite merveille ("Cover Ops" et son excellent gimmick) pour ensuite laisser place à un morceau pas trop mal ("Haters!"). Puis après, à quelques variantes près, ça repart : un bon titre, un titre chiant, un titre pas trop mal. Ad vitam eternam. Le tout dans des sonorités généralement jazz (pianos, saxos...) tout ce qu'il y a de familières. Il y a bien de l'idée quelquefois ("40oz. of Fun" fait un bon usage de samples de klaxon), un peu de mordant ("Thursday Night"). Et quelques titres sont aussi bons qu'ils sont classiques ("No Gimmics", et surtout "Remember" et "R.U.M.O.R.S."). Mais le reste, succession de titres interchangeables, s'oublie assez vite.

Les paroles sont évidemment fidèles à la musique. Elles se résument à un rap académique mais honorable, oscillant entre battle et thèmes conscients : "Girls Step Upto This" est un hommage au beau sexe, "R.U.M.O.R.S." nous apprend que les rumeurs c'est pas bien, de façon plus subtile quand même. Le flow de chaque MC est bon, pas de doute, mais pas très reconnaissable. Seule leurs timbres permet de vraiment les distinguer. Décrit comme ça, le tout n'est pas franchement sexy. Inner City Outer Space recèle pourtant plus de vie et de saveur que les albums musée façon Lone Catalysts ou Reflection Eternal.

Qu'on ne s'y trompe pas, quelques perles se sont donc données rendez-vous sur l'album ("Cover Ops", "No Gimmics", "Remember", "R.U.M.O.R.S." entre autres). Il aurait juste mieux valu qu'elles se serrent à 6 ou 7 sur un petit EP, plutôt que de se fondre dans une masse un peu lourdingue. Inner City Outer Space n'est pas un mauvais album, c'est juste un album de hip hop indé normal. Dans un monde sans Can Ox, sans Anti-Pop Consortium et sans les Sebutones, on tuerait pour écouter ça. Mais voilà, notre monde n'est pas si mal foutu que ça, et vu qu'il nous offre Can Ox, Anti-Pop Consortium et les Sebutones, on se fiche un peu de Kanser.