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Sorti de derrière les fagots, Paul Barman est l'heureux élu. Cultivant sans surprise le (mauvais) goût de l'absurde et l'humour potache, le tout avec l'esprit white trash caractéristique de l'Amérique blanche et acnéique, Paul Barman n'a pu que séduire son mentor avec son premier single, "Post Graduate Work". It's Very Stimulating est le premier fruit de la collaboration entre les deux hommes.

La pochette de cet EP, festive et débile, les jolies bouclettes de Paul Barman bien en évidence, ne ment pas sur la marchandise. Son auteur y livre exactement ce qui est attendu de tout MC blanc : des paroles gentillettes, souvent inconséquentes et portées sur le pipi-caca-popo. Paul Barman affirme dès l'introduction que sa vie sexuelle est pathétique, et comme tout frustré, il ne descend par la suite jamais au-dessous de la ceinture. Et ce ne sont pas les références à Krzysztof Kieslowski et à d'autres qui y changent quelque chose.

Et pourtant, "Joy of your World", le premier véritable titre, est fort plaisant. Sur une musique issue d'on ne sait quelle comédie musicale niaise (petit piano, petites cordes), le MC se livre à un exercice d'auto-dérision, proclamant avec grandiloquence à une très hypothétique conquête féminine que Paul Barman est le bonheur de sa vie. Ou, plus tard, qu'il adore lécher des orteils. Irrésistible.

Le reste, même moins accrocheur, est tout aussi respectable. Euh... Musicalement parlant... "Salvation Barmy" et son air désuet sont entraînants, gais et niais comme il faut, histoire de bien coller au personnage. La guitare acoustique de "School Anthem" et le piano qui intervient au coeur de "MTV Get off the Air" sont charmants. Et même le très bref passage trash à guitare de "I'm Fricking Awesome" est convaincant. En contraste total avec le reste du morceau, il est l'occasion d'un immense sourire béat, à mille lieux de la furie CM2 de crétins à la Rage Against the Machine.

Bref, Paul Barman est débile, Paul Barman est grotesque, Paul Barman est un cliché. Mais Paul Barman est sympathique. Paradoxalement, et parce qu'il n'est pas effrayé de donner une image caricaturale du MC blanc, parce qu'il en joue, il s'écarte salutairement des canons de sérieux et d'orgueil souvent imposés aux rappeurs underground. Et puis bon, la musique est assurée par Prince Paul, décidemment suractif. Cette diversité dans les samples, ce goût du détail qui marque (le petit orgue de "I'm Fricking Awesome") par exemple, ne se retrouvent pas chez tous les producteurs. Alors forcément, ça ne peut pas être nul, pas complètement. Rien que pour cela, Paul Barman est défendable et écoutable. A petites doses.