Melankolic / Virgin :: 2000 :: acheter ce disque

A en juger par les faveurs unanimes réservées à ce premier Day One, la critique française semble bien décidée à poursuivre son histoire d'amour avec les protégés de Massive Attack. Pourtant, fi du reggae d'Horace Andy, du hip hop de Lewis Parker, des BO imaginaires de Craig Armstrong et des ambiances éthérées d'Alpha sur ce nouveau rejeton du label Melankolic. Day One, en effet, a toutes les caractéristiques du trip hop académique -veine pop- que déclaraient fuir les auteurs de Blue Lines. Sans que cela, loin de là, ne nuise au résultat final.

Day One, en effet, maîtrise sans mal l'ensemble des ingrédients de sa musique. De la pop, le duo a retenu le sens de l'accroche et de la mélodie imparable ("In your Life"), flagrant sur les quatre ou cinq premiers morceaux. Du folk, le goût bienvenu pour le dépouillement et les guitares accoustiques ("Walk now, Talk now"). Du hip hop, la rythmique, le maniement du sample, le chanté-parlé, mais plus encore, cette façon de décortiquer avec sagacité le fait le plus trivial, digne d'un Q-Tip, et qui justifie pleinement le titre de cet Ordinary Man.

L'album n'est toutefois pas exempt de tout reproche. L'intérêt pour ses premiers morceaux trop parfaits peut aisément s'émousser à la longue. Mais les cordes symphoniques de "I'm Doing Fine", celles nettement plus dérangées de "Truly Madly Deeply", et l'apaisé "Autumn Rain", qui constituent le tiercé le plus solide de l'album, éviteront vraisemblablement à Ordinary Man d'être classé trop vite dans les étagères reculées d'un range-CD poussiéreux. En guise de conclusion, on excusera donc Massive Attack de ne sortir qu'un album tous les quatre ans s'ils continuent à gérer leur propre label avec autant de bonheur et à offrir d'autres Day One à nos oreilles sensibles.