L'origine des X-ecutioners remonte à 1989. Fondé par Roc Raida et basé à New York, le groupe comprend alors Steve D, Johnny Cash (rien à voir avec l'icône country, évidemment), et Sean Cee. Il se nomme les X-Men, dans la perspective d'une bataille de DJs qu'il doit mener contre une autre formation, les Supermen de Clark Kent, alors grand organisateur de ce genre de compétitions. A mesure que le rap, de plus en plus grand public, propulse les MCs au devant de la scène et oublie ses racines instrumentales, les X-Men se donnent pour mission de ramener le hip hop au bercail, d'élever le DJing (beats, cuts, mixes, scratches...) au rang d'art suprême, et s'auto-proclament "overqualified but under-appreciated blue-collar superheroes of the new Hip-Hop". Rien que ça.

Entretemps, les X-Men recrutent. Si Roc Raida demeure au cœur du groupe, Mista Sinista, Total Eclipse et l'excellent Rob Swift sont désormais ses principaux lieutenants. Outre les trois autres fondateurs, viennent s'y joindre Dr Butcher, Diamond Jay et deux DJs non new-yorkais : Exotic E de Floride et Boogie Boy de Chicago. Au cours de nouvelles compétitions et de concerts débridés à travers le monde, les X-Men ont largement le temps de peaufiner leur virtuosité, de répandre leur philosophie musicale par force remixes et démonstrations vidéo (le film X-ercise s'est vendu à 4000 exemplaires) et de construire leur légende. Ils collaborent également avec des artistes aussi différents que les Jungle Brothers, Bill Laswell, Large Professor, Sadat X et Common.

En 1995, c'est tout naturellement que David Paul s'adresse à eux pour ses projets Return of the DJs. Cette compilation, ainsi que deux autres, Altered Beats et Deep Concentration, leur permet d'attirer l'attention des labels. Les quatre principaux X-Men signent finalement chez Asphodel, et changent de nom par la même occasion. Pour éviter tout problème de copyright avec les super-héros Marvel, ils deviennent les X-ecutioners. Ce nom était déjà utilisé par Rob Swift pour un projet avec Shortkut des Invisibl Skratch Pikzl, Babu et Melo-D des Beat Junkies, ainsi que Cutmaster Swift et DJ Pogo, tous deux de Londres.

L'album qui suit la signature, X-pressions, est à la hauteur des espérances, évitant tant que possible de tourner à l'étalage de la technicité des quatre DJs. Reconnus par le cœur du milieu hip hop, les membres du groupe peuvent alors se lancer dans leurs projets personnels. Premier d'entre eux, un album de Rob Swift sorti en 1999, toujours chez Asphodel, intitulé tout bonnement The Ablist, sensiblement l'œuvre la plus accessible à ce jour d'un X-ecutioner. En 1999, enfin, la notoriété grandissante des X-ecutioners leur permet de décrocher un contrat chez un des labels phares du rap, Loud Records.