Sans avoir atteint la notoriété de DJ Shadow, de the Automator ou de Peanut Butter Wolf, David Paul est pourtant la personnalité qui a le plus compté dans l'édification d'une scène musicale originale sur la Bay Area.

Adolescent féru d'électro et de rap, fasciné par les prouesses et la technicité des DJs, il s'engage dans cette voie en 1985. Quelques années plus tard, des séances d'animateur sur une college radio lui permettent de s'insérer un peu plus dans le milieu hip hop.

David Paul commence sa carrière de journaliste dans Gavin, un magazine musical de San Francisco, où il envoie chaque mois sa playlist et un article sur l'actualité hip hop. Puis il crée son propre fanzine : ce sera The Bomb Hip Hop Magazine, magazine fédérateur de la scène rap de SF. Pour promouvoir ce premier projet, David Paul recrute des rédacteurs de choix. Il a aussi l'idée ingénieuse d'accorder des encarts publicitaires gratuits à de gros labels comme Tommy Boy (De La Soul, Digital Underground, Stetsasonic...) pour attirer l'attention des fans de hip hop.

En 1994, David Paul passe à la vitesse supérieure en lançant son propre label et la fameuse Bomb Hip-Hop Compilation, destinée à montrer que la scène de San Francisco ne se résume pas au rap de Too $hort. Mais là n'est pas son grand projet. Déçu par le règne des producteurs et des MCs et par la dégénérescence de la scène voisine de Los Angeles, qui sombre avec Death Row dans le pire racolage, le jeune patron de label souhaite réhabiliter la place des DJs dans le rap. Il s'intéresse à des événements comme le séminaire annuel Supermen Battle, au cours duquel des DJs s'opposent dans de violents combats de scratches et de technicité, et noue des contacts avec les plus virtuoses des turntablists.

Cette nouvelle orientation aboutit à la sortie des compilations Return of the DJ en 1995 et en 1997, toutes deux devenues mythiques. Depuis, David Paul est une figure reconnue du milieu hip hop, mais ne cesse pas pour autant de se lancer de nouveaux projets. Outre un troisième Return of the DJ et des collaborations multiples, il souhaite aujourd'hui remettre sur selle une autre tradition du hip hop : le beatboxing.