DISFLEX.6 – Robot Dreams

DISFLEX.6 – Robot Dreams

Ils n’ont pas été très malins sur ce coup, les gens de Lex Records. En quête perpétuelle de la nouvelle pépite hip-hop, avec plus ou moins de succès (et plutôt moins que plus), ils ont jugé que, non, finalement, ils n’allaient pas sortir cet album de Disflex.6. Après avoir édité le EP Hot Season et laissé une place aux deux Californiens sur leur compilation Lexoleum, nos superficiels Anglais ont décidé de couper les ponts.

Ils ne sont pas nécessairement à blâmer. A leur décharge, reconnaissons que les sorties Sunset Leagues (le label et collectif du duo) laissaient plutôt à désirer depuis 2002 et le solide Atomik Age du producteur Elon.Is. Témoin le décevant Keyboard To Life de Jason the Argonaut paru l’année d’après, ou le War Of Art de PBS sorti un peu plus tard. L’âge d’or de Diflex.6 semble plutôt se situer autour de 2000, du temps de l’album Where The Sidewalk Ends.

Pourtant, ironie du sort, le disque snobé par Lex et finalement sorti par le soin même des principaux intéressés se montre d’un très bon niveau. Peut-être parce que Robot Dreams, sorti en 2005, prêt en 2003 mais enregistré dès 2001, date justement de cette époque bénie, la meilleure du duo. Il a en tout cas la saveur de l’époque, celle du rap de science-fiction dur et froid. Voix aigre (Lazerus Jackson) alternant avec une autre plus grave (Jason the Argonaut), phrasé saccadé, sons synthétiques et industriels, samples inquiétants, basses obsédantes, un brin d’ambient music : tout y est.

Et sur quatre titres au moins, ce cocktail fait mouche : sur « Bomb The Factory » où Disflex.6 s’en prend aux MCs de pacotille fabriqués à la chaîne ; sur l’instrumental obsédant de « Inside » ; sur « The Circus » et son habile contraste entre un synthé ténébreux, une flûte et des clochettes ; sur « Star Log » et sa nappe langoureuse. Et comme les autres plages, bien qu’inférieures, ne sont pas négligeables non plus, tout le monde doit se mordre les doigts : Disflex.6, pour avoir manqué une meilleure exposition ; Lex, pour ne pas afficher ce bon album à son tableau de chasse ; et nous, leur public, pour ne pas pouvoir dénicher ce disque aussi aisément qu’il aurait fallu.

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The Notorious S.Y.L.V.

The Notorious S.Y.L.V., a.k.a. Codotusylv, écrit sur le rap et tout un tas d'autres choses depuis la fin des années 90. Il fut le fondateur des sites culte Nu Skool et Hip-Hop Section, et un membre historique du webzine POPnews. Il a écrit quatre livres sur le rap (dont deux réédités en version enrichie), chez Le Mot et le Reste.

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