BIG YAVO – Dingers
Sorti le 20 juin 2025,
chez GoodTalk.
Parmi la foultitude des rappeurs du Sud, au milieu de ces innombrables artistes qui s’agitent sur TikTok, ignorés par les médias institués, se trouve Big Yavo. Originaire de Birmingham, dans l’Alabama, celui-ci est apparu en 2020 avec son single signature « Shawn Kemp », et il a sorti depuis un ou deux albums par an. On l’a vu alors fréquenter des gens plus connus. Il a participé à un morceau commun avec BigXthaPlug et That Mexican OT sur l’album référence de ce dernier, Lonestar Luchador, et on l’a vu en 2024, sur son projet The Giant, partager le micro avec Yung Mal, BossMan Dlow, PeeWee Longway et Luh Soldier. Issu de la même ville, ce dernier est son principal compère. Ils ont sorti ensemble, notamment, la « mixtape » Gorilla Warfare.
Bref, Yavo Osama (son nom d’origine) est installé dans le paysage, celui du Sud de l’après trap music. Mais cette année, il se distingue avec ce qui devrait être son meilleur projet à ce jour.
Sur Dingers, c’est un showman qui s’offre à nous. Quelqu’un capable d’élever la voix, triomphal, quand il nous raconte cette vieille histoire américaine de la réussite (« Swang The Door »). Quelqu’un qui s’en prend de manière anarchique, sur les quelques notes de piano de « Faking The Funk », aux rivaux qui font semblant d’être cool. Quelqu’un qui décrit une à une ses conquêtes féminines sur le joli reggae de « I Know A Bitch », et qui demande à sa copine d’ouvrir grand ses jambes pour lui sur « For Me ». Quelqu’un qui émule de manière éclatante le rap de Trill Entertainment sur le grand tube de l’album, « Webbie Flow », voire sur l’ode rigolote aux gros popotins entonnée sur « BBL ».
Vingt-et-un titres, c’est évidemment bien trop. On se passerait bien de quelques-uns, surtout les plus téléphonés, comme le morceau triste syndical, un « Self Depression » médiocre. Dinger n’est pas exactement ce que son titre signifie, un home run, une réussite totale. Mais Big Yavo, c’est le plus souvent amusant et truculent. C’est habité et agité. C’est plus qu’il n’en faut pour maintenir une année de plus en vie ce vieux rap ressassé de mauvaise graine.
