ABGR LIL CORY – Everything Must Go
Le meilleur praticien contemporain de la trap music à l’ancienne, l’héritier le plus actuel de Gucci Mane. Ainsi s’est présenté le natif du Mississipi sur sa mixtape Act Broke Get Rich. Il n’y avait que du bon, sur cette sortie qui nous ramenait quinze ans en arrière. ABGR Lil Cory y honorait la promesse faite avec « Old School », le morceau qui l’a révélé. Et aujourd’hui, il remplit celle qu’il a faite avec cette même mixtape. Il fait suivre cette entrée par un solide plat de résistance, Everything Must Go, un premier album disponible depuis le 30 septembre, et il qui comprend aussi de très bonnes choses.
L’album est moins solide que la mixtape. Il est moins jubilatoire, il avance parfois en roue libre. Le meilleur morceau, c’est peut-être tout simplement ce « Traplete » déjà présent sur la sortie d’avant, remixé avec un autre rappeur du moment, Bossman Dlow. Mais enfin, tout est là, à nouveau. Les synthés étincelants dans le style de Shawty Redd, les pianos gambadeurs à la mode de Zaytoven, le rap obsédant et entêtant entonné à la manière d’une comptine, les paroles qui n’ont d’autre objet que le travail de l’auteur dans la trap house et l’incroyable réussite matérielle (et sexuelle) qui va avec, les fanfaronnades à propos de ces rivaux jaloux de son succès et de montagnes de billet dont on ne sait plus quoi faire, les vantardises tellement débiles qu’elles en sont absolument hilarantes.
Et l’effet est le même. Des morceaux comme « Tsunami » donnent envie de manger du lion. C’est plein de petites perles naïvement amorales comme autrefois, « Stop It », « Rich And Handsome », « They Can’t Stand It », « BNB » et le super « Selling Money ». Les seules concessions d’ABGR Lil Cory à son époque sont peut-être son rap marmonné, et bien plus sûrement la durée très courte de ses morceaux, deux minutes en moyenne, seule preuve irréfutable que tout cela ne remonte pas à la fin des années 2000, qu’au contraire cela date bel et bien de notre ère, celle du rap pour TikTok.