25 des meilleurs albums rap de 2015
L’année au centre de la décennie 2010 est également son pivot. Elle consacre une trap music vieille déjà de dix ans, mais qui se place plus que jamais au centre du jeu. Deux hommes issus de cette tradition, mais qui l’ont remarquablement renouvelée, se disputent alors le titre de rappeur le plus signifiant du moment. Alors que le chouchou de l’intelligentsia rap, Kendrick Lamar, est au faîte de la considération critique avec le (trop) ambitieux To Pimp A Butterfly, les vrais gens importants de l’époque sont Future et Young Thug.
Les deux rappeurs sortent les albums les plus célébrés de leurs carrières respectives, DS2 pour l’un et Barter 6 pour l’autre, en plus d’une palanquée de mixtapes plus notables les unes que les autres. Ailleurs à Atlanta, alors la capitale incontestable du rap, d’autres s’agitent. Des gens plus jouasses tels que Rae Sremmurd et Migos, alors au haut de l’affiche, ou des expérimentateurs underground comme les gens d’Awful Records.
En France aussi, à l’heure de la trap music a sonné. Notre pays a fini par prendre le train en marche, et en 2015, on voit le duc du rap d’ici sortir son meilleur album dans ce registre. Plus emblématique de ce passage à une nouvelle ère, cependant, sont l’émergence des deux grands phénomènes de la décennie. Si PNL et Jul n’ont pas grand-chose à voir entre eux, ils représentent chacun, à sa façon, la conversion de la France au rap de mauvais garçon mélancolique qui chantonne son mal-être sous Auto-Tune.
C’est à ce moment-là, aussi, qu’on voit le rap basculer vers son futur. Alors qu’avec Kendrick Lamar, Vince Staples réintroduit dans le jeu un « rap conscient » mis à mal par le nihilisme débridé des années précédentes, on voit surgir en marge quelques grands phénomènes des années à venir.
La scène du Michigan frappe déjà très fort avec le premier album solo de l’un de ses héros, Payroll Giovanni des Doughboyz Cashout, tandis que l’école de Buffalo et son néo-boom bap commencent à faire parler d’eux à travers l’une de leurs meilleures pièces, le Reject 2 de Conway. Quant à l’Angleterre, elle change d’ère aussi. Elle s’aventure en dehors du grime avec sa déclinaison nationale de la drill music défendue par le collectif 67, comme avec le rap inspiré par les sons africains de J Hus. Et ce n’est là qu’une poignée d’exemples.
Alors que le retour de Dr. Dre et le biopic à succès Straight Outta Compton immortalisent un rap éternel au plus haut de la popularité, alors que ce genre musical est en voie accélérée de patrimonialisation, tout change à nouveau en 2015, plus vite encore qu’auparavant. Et c’est un signe de bonne santé.
Originellement publié le soir du 31 décembre 2015, cette rétrospective a été révisée et enrichie plusieurs fois depuis.
NOS 25 ALBUMS
Il faut faire des choix, il faut savoir se mouiller. Alors, si nous voulons retenir vingt-cinq albums ou mixtapes de cette année pivot pour le rap, nous mettrons en avant les suivants.
LE CLASSEMENT DES LECTEURS
Future, Young Thug, et PNL pour la France. Les lecteurs ont confirmé que, outre l’engouement critique pour Kendrick Lamar, ce sont bien ces gens-là qui ont retenu l’attention en 2015, en leur offrant les trois premières places de leur sélection, et en citant plusieurs de leurs sorties.

- FUTURE – DS2
- YOUNG THUG – Barter 6
- PNL – Le monde chico
- A-WAX – Everlasting Money
- YOUNG THUG – Slime Season
- KENDRICK LAMAR – To Pimp A Butterfly
- FUTURE & DJ ESCO – 56 Nights
- VINCE STAPLES – Summertime ’06
- PNL – Que La Famille
- PAYROLL GIOVANNI – Stack Season
- EARL SWEATSHIRT- I Don’t Like Shit, I Don’t Go Outside
- DR. YEN LO – Days With Dr. Yen Lo
- LUPE FIASCO – Tetsuo & Youth
- DRAKE – If You Read This It’s Too Late
- KING LOUIE – Drilluminati 3
- SCH – A7
- FREDDIE GIBBS – Shadow Of A Doubt
- G-HERBO a.k.a. LIL HERB – Ballin’ Like I’m Kobe
- THE GAME – The Documentary 2
- HAMZA – H24
- DR. DRE – Compton
- MOZZY – Bladadah
- STARLITO – I’m Moving to Houston
- YELAWOLF – Love Story
- YOUNG THUG – Slime Season 2
Classement arrêté le 31 décembre 2015.