Ce n’était pas encore le triomphe de Gnarls Barkley, mais ce n’était déjà plus le rap Dirty South des 90’s. En 2002, Cee-Lo s’évadait de Goodie Mob et se lançait dans une carrière solo. Après le succès du single ‘Ms Jackson", le label Arista estimait que ce cousin d’Outkast aurait aussi ses chances. Et s'il espérait un nouveau carton, c’est que la comparaison s’imposait. Sur ce premier disque, le rappeur proposait un rap affranchi de ses codes, capable de tourner au chant ou de se noyer dans un flot de guitares fuzz ("Live Right Now", "Under Tha Influence"), bourré à ras-bord de soul et de funk, voire de musiques plus lointaines, à l’image des sonorités africaines de "Bad Mutha" ou du banjo de "Country Love". Avec cette explosion de sons, ce long disque riche et personnel, Cee-Lo allait même au-delà de l'audace de Big Boi et d'André 3000 sur Stankonia. Profitant de la carte blanche qui lui était offerte, il donnait libre cours aux mélodies et aux crooneries dont il alimentait déjà les disques de Goodie Mob. Il donnait forme à ses rêves intimes, il nous faisait découvrir ses parfaites imperfections.