Depuis une première mixtape en 2010 intitulée Feel This, Qushawan "Deniro" Farrar a creusé son sillon. Il a même créé son propre mouvement, le "cult rap", dont il est à peu près le seul représentant. On a vu en tout cas le rappeur de Charlotte, en Caroline du Nord, sortir plusieurs projets a minima intéressants, et travailler avec des gens venus de toute l'Amérique du Nord et de tous les sous-genres de rap. La plupart de ces collaborateurs étaient issus de scènes hip-hop plutôt alternatives, comme Nacho Picasso, le duo Blue Sky Black Death, le producteur canadien Ryan Hemsworth, et Shady Blaze de Green Ova, avec lequel il avait sorti un Kill or Be Killed déjà vanté par ici ; il s'est également montré proche de Denzel Curry ; mais on a surpris aussi, sur certains de ses titres, des ressortissants d'Atlanta comme Gucci Mane (un titre volé ?) et Trinidad James.
Mot-clé - Caroline du Nord
L'ORANGE & KOOL KEITH - Time? Astonishing!
Aujourd'hui, en 2015, alors que coexistent plusieurs générations de fans de hip-hop, les vétérans n'ont jamais été aussi présents. Visez donc le ramdam autour de la sortie du film Straight Outta Compton, et la couverture médiatique réservée au troisième solo de Dr. Dre. Même l'album le plus célébré cette année, le dernier de Kendrick Lamar, doit son succès au fait que cette jeune pousse s'adonne, pour une large part, à du rap de vieux. Pourtant, le doyen définitif, le plus frais, le plus vivace et le plus truculent des anciens, ne vient pas de Compton. Non, le vétéran ultime du rap n'est autre que ce bon vieux Keith Thornton, 52 ans, resté actif, prolifique et plus ou moins pertinent sur quatre décennies de l'épopée rap, comme il l'a prouvé une fois encore cette année avec son remarquable Time? Astonishing!
DENIRO FARRAR & SHADY BLAZE - Kill or Be Killed
Cela fait plusieurs années déjà que Qushawan "Deniro" Farrar nous abreuve de projets, le plus récent étant Cliff of Death II, le second volet de ses collaborations avec tout ou partie du duo Blue Sky Black Death. A chaque fois, l'homme de Charlotte, en Caroline du Nord, nous rappelle qu'il est un rappeur notable, mais il est clair aussi qu'il ne boxe pas en toute première catégorie. Cependant, en 2012, il a sorti un projet au-dessus des autres, distingué à juste titre par la blogosphère (un univers où il semble condamné à rester), intitulé Kill or Be Killed. Et si celui-ci semblait plus réussi que d'autres, c'est peut-être parce qu'il était allé chercher quelques renforts à l'autre bout des Etats-Unis, en Californie, du côté d'Oakland.
J. COLE - Cole World: The Sideline Story
Après s'être imposé à Jay-Z, avoir rejoint son label, dégoté une petite place sur The Blueprint 3 et sorti quelques mixtapes remarquées, notamment The Warm Up (2009), puis Friday Night Lights (2011), Jermaine Lamarr Cole, rappeur métis venu de Caroline du Nord, était attendu au tournant en 2011, au moment où il sortait son premier album. Le succès commercial, naturellement, fut au rendez-vous, étiquette Roc Nation aidant. Mais la critique, quoique bienveillante, s'est parfois montrée un peu tiède à l'égard de ce Cole World: The Sideline Story. Et à cela rien d'étonnant. Car tiède, cet album l'était lui aussi, bel et bien.
BLACK SHEEP - A Wolf in Sheep's Clothing
En ouverture de son premier album, le duo Black Sheep explique son nom en précisant que ces membres tardifs des Native Tongues, arrivés à New-York de leur Caroline du Nord natale pour joindre leurs forces à De La Soul, à A Tribe Called Quest et aux autres, sont en quelque sorte le mouton noir de la fameuse confrérie. Pourtant, difficile de faire plus conforme aux particularités du célèbre collectif hip-hop qu'A Wolf in Sheep's Clothing : sons légers, globalement jazzy et funky, mais capables d'aller bien au-delà du spectre des musiques noires et, parfois, de plaire aux college radios ; profusion de samples ; bon esprit et sens critique ; et surtout, paroles malines, usant et abusant d'un humour au soixante-dixième degré.
ESAU - The Debut Album... The Farewell Tour
Adoptant une posture de faux niais, mais capable de se faire virulent et féroce, Esau n’est pas votre rappeur habituel. Pourtant, cet anti-MC pourrait bien être le meilleur apparu ces dernières années sur la scène indé. Oubliez donc le classicisme middleground et les expérimentations à deux balles auxquels nous nous sommes habitués : pourvu qu’il soit doté de meilleurs beats, le hip hop indépendant des prochaines années aurait intérêt à ressembler à ce que nous révèle ce Debut Album.
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