Autoproduit :: 2005 :: télécharger la mixtape

Si ce format parallèle a tant convenu à The LOX, c'est qu'ils étaient, assurément, le groupe de mauvais garçons ultime. Ils l'ont tant été qu'ils ont voulu couper les liens avec Bad Boy, le label de leur protecteur Puff Daddy, jugé trop pimpant, trop nouveau riche, pour se fondre dans l'imagerie de motards des Ruff Ryders. Ce côté infréquentable était toujours aussi manifeste, quelques années plus tard, sur Ghost in the Shell, que certains considèrent comme la meilleure mixtape de David Styles, alias Styles P, ne serait-ce que pour la présence de "Kill that Faggot", l'un des titres les plus emblématiques de l'homophobie congénitale du rap. Son mot d'ordre ("tue ce pédé", tout de même…), souligné par des bruits de flingue, ne se déclinait toutefois qu'avec le refrain, le morceau étant, pour l'essentiel, un égo-trip sale et générique, sans cible précise, amplifié par un piano glacial et redoutable.

La rue, ses règles, ses dangers, sa dureté, son argent mal acquis : tout tournait autour de ces thèmes, dans une ambiance sinistre typique de New-York. Son rôle de survivant du ghetto, Styles P le jouait autant sur le mode de la fanfaronnade, avec force gros sons, comme sur cet "I Don't Give a Fuck" avec The LOX au complet, que sur un ton triste et réflexif, comme sur "I-95" et le très bon "So Hard", tous deux avec le chanteur Tre Williams. Et d'autres morceaux que "Kill that Faggot" s'avéraient marquants, comme "What Up" et "D-Block Niggaz", construits aussi sur un piano menaçant, un étincelant "Call My Name" aux accents soul, un somptueux "Immortal", un "Leaving the Game" serti de chants féminins, et une réappropriation du "They Reminisce Over You" de Pete Rock. Et au bout du compte, si l'on oubliait les longueurs et les gimmicks infâmes de Supa Mario, le DJ en charge de cette sortie, Ghost in the Shell approchait la qualité d'un album.