Autoproduit :: 2012 :: télécharger la mixtape

A l'origine, les futurs Two-9 évoluaient chacun de leurs côtés, jusqu'à ce que deux d'entre eux, Key! et Curtis Williams, réalisent qu'ils gagneraient à fédérer un noyau dur de rappeurs. Ils invitèrent donc deux duos à les rejoindre, Retro Su$hi (Ceej et Jace) et les FatKidsBrotha (les demi-frères Dav.E et Light Skin Mac-11), ainsi que le DJ Osh Kosh, pour former ensemble le collectif en question, intitulé d'après l'année où ils ont commencé à prendre les choses au sérieux : 2009. Depuis, Key! s'est séparé d'eux (en bons termes), et d'autres personnes s'y sont accolées, mais la formule a été payante, le collectif ayant gagné toute sa place sur la scène trépidante d'Atlanta, avant de rejoindre Ear Drummer Records, le label affilié à Interscope de Mike WiLL Made It, celui à qui l'on doit aussi Rae Sremmurd.

Two-9 Forever, leur première mixtape en commun, est celle qui leur a permis de se faire un nom. Et elle démontre clairement que Two-9 est bel et bien un collectif plus qu'un groupe. Elle est en effet très hétérogène, elle associe d'autres rappeurs au sextet de base, et elle ne sonne pas toujours comme un pur produit d'Atlanta, témoignant du fait que les protagonistes viennent pour la plupart d'autre cieux que de la scène où ils se sont implantés. Au début, les titres suaves que sont "Boys N Girls Club", "They Love It" et "Stayin' True", parfois accompagnés de refrains chantés, laissent l'impression que Two-9 donne avant tout dans un rap sudiste certes crâne, mais aussi mélodique et relax. Et puis soudain, surgit "I'm Counting", hymne agressif, synthétique, et assez saisissant, et on en est tout désorientés.

La mixtape continue ensuite à souffler le chaud et le froid. On passe du vindicatif et squelettique "One Time / Paranoid", un titre en deux mouvements séparé par une sombre voix screwed, au misogyne "Ex", qui voit les rappeurs régler leurs comptes avec leurs ex sur une musique plus avenante que les paroles, puis au minimalisme de "Scottie 2 Hottie", la carte de visite de Two-9, et à l'oppressant "Sidney Poitier", qui va plus loin encore dans le réductionnisme, avec ses deux notes de piano. Et tout à coup, avec les synthés grisants de "9", Curtis Williams et Alkebulan nous ramènent tout droit dans leur ville, en pleine terre trap music.

Ce titre est un temps fort, mais cette longue mixtape, en abrite quelques autres, qui surnagent d'une seconde partie toujours éclectique, mais marquée plus encore que la première par un rap lent et indolent telle qu'on en a connu, par exemple, chez 8Ball & MJG, où les samples se multiplient, comme celui issu du "Uncle Albert" de Paul McCartney sur "Fly Away", ainsi que les effets chopped and screwed. "Shake Em Off", par exemple, se distingue de ces morceaux parfois trop mous, tout autant que le très soul "Fly Away". Quant au très bon finale, "Cousin Harold", il pourrait passer pour du bon vieux boom bap. Si d'aventure ce ne sont pas ces titres que vous aimez, pas d'inquiétude, il y en aura d'autres. La palette de Two-9 est suffisamment large pour contenter plusieurs factions du public rap.