A l'heure où sort MikeWiLLBeenTrill, en décembre 2013, Mike Will Made It n'en est pas à sa première mixtape. Le producteur s'est déjà distingué, les deux années précédentes, avec les trois volumes de la série Est. in 1989. Mais ce nouveau projet apparaît alors qu'il est au faîte de sa notoriété, et qu'il s'illustre bien au-delà de l'univers (t)rap qui l'a vu naître. Une dizaine des tubes de l'année, aux Etats-Unis, ont été produits par ses soins. Et quelques semaines plus tôt, a été mis sur le marché le quatrième album de Miley Cyrus, Bangerz, dont il est le producteur exécutif. Alors que l'ancienne égérie de Disney continuait à s'encanailler et à travailler son profil de vilaine fille au contact d'un beatmaker clé de la trap music d'Atlanta, ce dernier acroissait donc sa visibilité auprès d'un très large public. Et plus encore que celles d'avant, déjà riches en invités, cette mixtape témoignait de l'étendue très vaste de ses collaborations.

MIKE WILL MADE IT -  #MikeWiLLBeenTrill

Sur cette mixtape à rôles inversés (le producteur y tenait la vedette, comme autrefois les DJs, pendant qu'un rappeur, Future en l'occurrence, en était l'hôte), Michael Williams Jr. les accompagnait tous : ses collègues de la scène d'Atlanta, comme Future, donc, mais aussi 2 Chainz, Migos et Gucci Mane, celui-même auprès duquel il avait débuté sa carrière ; des rappeurs reconnus venus d'autres horizons, comme Jay-Z, Big Sean, Wiz Khalifa, Juicy J et Project Pat ; des stars de la pop et du R&B, Miley Cyrus, naturellement, et Ciara ; et puis, en plus de ces poids lourds, ses protégés Two-9 et Rae Sremmurd, qu'il allait bientôt développer sur son label Ear Drummers. Sur un megamix du titre "Shit", il s'offrait même le luxe de convier rien de moins que Drake, Schoolboy Q, Meek Mill, Rick Ross, T.I., Fat Trel, Pastor Troy, Jeezy, Diddy et Juicy J. Ce titre, le plus marquant de l'album à venir de Future, Honest, s'éternise ici un peu trop. Il est trop dilué entre ses divers intervenants et vaut surtout pour sa guestlist. Mais le reste de ce projet, pour l'essentiel une compilation des travaux récents de Mike WiLL (beaucoup sont issus des albums ou mixtapes de ses invités), était dans l'ensemble irrésistible.

Avec ses élans synthétiques, les pulsations de ses basses et le cliquetis obsédant de ses percussions, la musique est ancrée dans le style d'Atlanta. Mais elle s'adapte à tous les registres. Elle est sinistre sur le "Wolf" de Future, et elle épouse le rap matérialiste loufoque de 2 Chainz, tout comme la prose atrabilaire de Project Pat sur "Never Be a G". Elle offre à Gucci Mane les ritournelles qui vont si bien à son street rap excessif et humoristique, et à Migos le beat emphatique qui s'accorde à leurs incessantes répétitions. Et elle s'enrichit adroitement d'une guitare quand il s'agit de partir vers des terres plus pop avec Ciara ("Where You Go") ou Miley Cyrus ("My Darlin"), toutes deux en duo avec Future. Beaucoup de ces morceaux tapent juste, et c'est d'autant plus remarquable que Mike WiLL puisait peu dans son stock de tubes consacrés par le succès commercial. Comme si, en 2013, le moindre de ses beats en était un.

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