Autoproduit :: 1992 :: écouter la mixtape

Peu de gens, il est vrai, ont incarné comme lui l'épopée du hip-hop new-yorkais. Né dans le Bronx à la fin des années 60, il a baigné dès enfant dans les block parties, et il aurait manié les platines dès l'âge de 8 ans ! Plus tard, dans les années 80, il serait un personnage en vue, après être devenu DJ au Studio 54. Il atteindra sa pleine notoriété dans les années 90, et aujourd'hui encore, il est actif, à travers son label No Kid'n Records. La carrière de Kid Capri traverse donc quatre décennies, et toute l'histoire du hip-hop. Qui plus est, il a su en pratiquer toutes les disciplines musicales. En plus de jouer avec les vinyles, il a produit des titres pour les grands noms de cette musique dans les années 80 et 90, et même, plus tard, pour Madonna. Il rappe, aussi. Et il est autant un DJ traditionnel, un chauffeur de clubs et un sélectionneur de disques, qu'un turntablist confirmé.

Ces deux faces du métier de DJ, sont visibles à égalité sur ce qui est considéré comme l'une de ses mixtapes de référence. Sortie en 1992, 52 Beats est en effet, en premier lieu, ce qu'elle annonce : la sélection de 52 breakbeats, ces extraits à forte teneure rythmique issus de titres funk, rock, R&B ou disco des années 60 à 80, qui ont été la base du hip-hop des premiers temps. DJ Capri a toujours été fier de préserver la mémoire des premiers pas du rap, qu'il a vécus, et il le confirmait sur cette sortie, qui était autant un document, une archive, une œuvre historique, qu'une mixtape récréative. Beaucoup de breakbeats célèbres étaient là : le "Funky Drummer" de James Brown, Le "Impeach The President" des Honeydrippers, le "Mardi Gras" de Bob James, le "The Big Beat" de Billy Squier, le "Rocket in the Pocket" de Cerrone, le "Last Night Changed It All" d'Esther Williams, le "Tramp" d'Otis Redding et Carla Thomas, le "Got To Be Real" de Cheryl Lynn, le "Gangster Boogie" des Chicago Gangsters, le "Apache" des Shadows, dans la version de l'Incredible Bongo Band, pour n'en citer qu'une poignée (comme le soulignait la pochette, ces 52 beats étaient de toute façon trop nombreux pour être cités tous).

Ici, cependant, ce n'étaient pas que les notes percussives habituelles qui étaient isolées, mais parfois une part plus large du titre, auquel DJ Capri appliquait l'autre face de son talent : celui de manipulateur des platines. Ces breakbeats, il les agrémentait d'autres sons, il les remixait, les malaxait, les enchainait avec adresse, et il y ajoutait ses scratches, de manière à faire de ces 52 extraits d'environ une minute chacun, quelque chose de moins austère qu'une simple collection de sons de basses et de batteries. Il le faisait avec tant d'adresse que cette mixtape serait révérée plus tard dans le milieu des turntablists. L'un de ces DJs virtuoses les plus illustres, Roc Raida des X-Ecutioners, sortirait d'ailleurs en hommage, en 2008, sa propre sélection de 52 Beats, sanctifiant ainsi l'originale.