Loud Records:: 1995 :: acheter le disque

Funkmaster Flex, né Aston Taylor Jr., dans le Bronx, d'un père jamaïcain et lui-même DJ, n'était pas un habitué des mixtapes. Ses principales sorties se sont faites par le biais des réseaux commerciaux. Mais à la grande époque du rap new-yorkais, il régnait dans les clubs, et plus encore sur les ondes, à partir du moment où, en 1992, la radio Hot 97 lui offrit une émission dédiée au hip-hop, devenue très influente. Celle-ci existe encore, et Funkmaster Flex, bien loin de lâcher les commandes, n'a fait depuis qu'étendre son empire. Il a aussi été animateur télé, sur MTV entre autres, et a fait parler de lui encore très récemment en prenant partie pour Meek Mill dans le beef médiatisé qui l'opposa à Drake. Ce DJ est à vrai dire si indéboulonnable que, dans le milieu des années 2010, certains ont lancé une pétition pour qu'il soit débarqué de Hot 97 et laisse enfin la place aux jeunes.

Jeune et pertinent, Funkmaster Flex l'était encore à l'époque de sa Mix Tape Volume 1. Bien qu'il se soit agi d'un disque en bonne et due forme, au son plus propre et plus professionnel que sur cassette, le DJ star s'est appliqué à inclure sur ces 60 minutes de funk (qui sont en fait 70) toutes les routines des mixtapes de l'époque : l'enchainement rapide de nombreux morceaux, tronqués pour l'occasion ; quelques scratches ; des cris et des slogans ; des messages promotionnels, de Funkmaster Flex lui-même, voire de Puff Daddy ; des morceaux exogènes au rap, du R&B bien sûr, mais aussi quelques notes du duo house Masters at Work ; le tube d'un autre DJ, avec le "Puerto Rico Ho" de Frankie Cutlass ; des hommages au passé, avec en fin de disque toute une séquence consacrée à la old school et aux années 80 ; du mash-up, quand le DJ mêle les paroles de Mobb Deep aux sons du Wu-Tang Clan ; et beaucoup de freestyles.

Ces derniers sont, principalement, du premier choix. Offerts par la crème du rap new-yorkais, ils sont presque l'attraction majeure de ce projet. On y entend des Fugees encore méconnus divaguer entre chant, rap et ragga, Q-Tip étaler sa voix aigre sur du EPMD, Method Man et Redman s'épancher sur du Mobb Deep, puis a cappella, Keith Murray et le même Redman, puis Fat Joe et Big Pun, et enfin Busta Rhymes, s'exprimer sur trois autres beats du Wu-Tang. Au vu de ces freestyles, comme du reste, rien ne peut vraiment être reproché à ces 60 Minutes of Funk, à part peut-être ce passage final où KRS One montre sa face la plus rébarbative, celle du donneur de leçons. Elle est la mixtape exemplaire des années 90, tout autant que la grande œuvre du DJ le plus emblématique du rap new-yorkais.