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A l'origine, DJ Whoo Kid n'était pas convaincu de la pertinence de ces albums de substitution suggérés par 50 Cent. Aussi n'est-il pas surprenant s'il sortait encore, en 2002, à l'époque des grandes mixtapes de la G-Unit, quelques autres dans un format plus habituel, où se mêlaient les titres connus, les exclusifs et les freestyles d'un grand nombre de rappeurs. Et dans ce domaine, il excellait aussi, comme le montrait le second volet de ses Max Payne. 50 Cent n'était pourtant pas bien loin : il co-signait cette mixtape, en gérait les introductions et, secondé par Lloyd Banks et Tony Yayo, il était omniprésent sur les premiers titres, dont "Nigga", un duo posthume très réussi avec Notorious B.I.G. Connu ailleurs sous le nom de "Realest Niggas", ce titre restera l'une des grandes prouesses de Whoo Kid, puisqu'il aura déniché pour elle un a cappella inédit de feu Biggie, à la grande fureur de Diddy.

Comme l'illustrait sa pochette, cette sortie rendait hommage à ce dernier, ainsi qu'à son double, 2 Pac. Celui-ci était l'unique représentant californien, avec Daz Dillinger (ils rappaient ensemble sur l'excellent "1st to Bomb"), d'un projet qui s'inscrivait dans la lignée des grandes mixtapes new-yorkaises. Nous avions affaire, en effet, aux suspects habituels de la East Coast : Nas, Havoc et Prodigy de Mobb Deep, leur affilié Big Noyd, Cam'Ron, Jay-Z et son collègue de Philadelphie, Beanie Sigel. Cependant, Whoo Kid élargissait l'horizon. En plus des ressortissants West Coast susmentionnés, nous avions aussi un homme de Detroit, Obie Trice (sur le coriace "Get Live"), les sudistes Baby/Birdman et Lil Wayne, ainsi que des Clipse et Neptunes en pleine ascension, au taquet sur le redoutable "Clap that Boy" (plus connu sous le nom de "What Happened to that Boy").

Excellent DJ à mixtape, Whoo Kid savait agencer ses sources multiples en un ensemble cohérent. Il le faisait en déroulant cette sélection tambour battant, sans le passage R&B mollasson rituel, mais avec l'esprit guerrier typique de 50 Cent, appuyé par des détonations de flingues et des rafales de mitraillettes, mais mâtiné de mélodies et d'instants de mélancolie. Qu'il choisisse les morceaux de stars accomplies ou en devenir, ou les perles cachées de rappeurs méconnus, comme le "Nigga Please" de Pretty Ugly, c'était du bon, ça ne redescendait pas. C'était digne de ses travaux exclusivement consacrés à la G-Unit, entrepris en cette même année faste, et dont Whoo Kid avait parfaitement compris la portée en affirmant, à la fin de ce second Max Payne : "ne m'appelle plus DJ, je n'en suis pas un, je suis un génie du marketing. N'appelle plus cela une mixtape, c'est un mouvement".