Jusqu'à ce que Jeezy les invite à rejoindre son label CTE, on n'en savait rien. Mais chez eux, à Detroit, à leur échelle, les Doughboyz Cashout ne sont pas loin d'être des stars. Cela a été confirmé en début d'année 2015 quand, la semaine suivant sa sortie, le nouvel album solo de leur membre Payroll Giovanni est devenu le plus vendu de la métropole sur iTunes. Et à écouter ce successeur à son Get Money Stay Humble de 2013, il est difficile de donner tort à ses acheteurs.

PAYROLL GIOVANNI - Stack Season

Stack Season, en effet, est de toute première qualité. Il est supérieur encore à We Run The City 4, le très bon album collectif du groupe sorti l'an passé, déjà vanté sur ces pages. Supérieur en fait, à la grande majorité des projets rap mentionnés à ce jour comme étant les plus notables de cette année.

Payroll Giovanni ne change rien à la formule de son groupe. C'est, au contraire, toujours la même chose : du hip-hop de thug inspiré par le son synthétique, cheap et souvent sautillant de No Limit, comme par son gangsta rap à l'ancienne, avec les titres "Raised In The Game", "Da Nigga", "How I Move", "Knee Deep", et "Life I Choose", autant de manifestes d'une vie dédiée au crime et au fric, le "stack".

Cela confine même franchement à la recette, à la roue libre, à la solution de facilité, au fil de ces 73 longues minutes. Il n'y a d'ailleurs pas vraiment de tubes, même si on n'est pas loin avec "Big Face Rolley", "Chain & Whip" et le posse cut final "Original Rich Niggaz". Stack Season s'écoule comme l'eau d'un robinet : de façon fluide et sans heurt, avec une constance d'autant plus grande que le rappeur est presque seul au micro, et qu'il produit une bonne part de l'album.

Stack Season a été présenté comme une bande-son pour hustlers, et c'est tout à fait cela : de la musique de gangsters, comme il existe de la musique d'ascenseur. Et pourtant, il y a une plus-value avec le rap de Payroll Giovanni. Il y a quelque chose de moins chiche et de plus coulant que ses modèles ; de plus mélodieux aussi ("Chain & Whip"), de plus systématiquement accrocheur, comme avec ces refrains, masculins ou féminins, que Payroll Giovanni parsème sur les titres "How I Move", "Life I Choose" et "Talk Dat Shit".

En vérité, rien de cela ne semble jamais anachronique. C'est mis à jour, réactualisé, adapté aux auditeurs et aux oreilles des années 2010. Tant et tellement bien que Stack Season (les fans du son de Detroit ne s'y sont donc pas trompés) pourrait bien être le meilleur projet rap de ce début d'année 2015.

Acheter cet album