La semaine dernière, pour Halloween, six ans jour pour jour après la sortie de l'originale, Lil Wayne a annoncé une suite à sa mixtape de 2009, No Ceilings. Ce n'est sûrement pas sans raison s'il a voulu invoquer son dernier projet des années 2000, une décennie dont il aura été l'un des plus héros, s'il a voulu rappeler une mixtape sortie à une époque où il était encore au centre de toutes les attentions, et où l'on était encore en droit de penser qu'il n'y aurait pas de plafond, en effet, aucune limite, à la carrière du petit Dwayne Carter.

LIL WAYNE - No Ceilings

En 2009 pourtant, quelques signes annoncent déjà que Lil Wayne est sur une pente descendante. Quoi qu'on ait pensé l'année d'avant du blockbuster Tha Carter III, il n'est déjà plus tout à fait au niveau de son prédécesseur. Par ailleurs, le rappeur s'engage sur des chemins hasardeux, comme avec son détour par le rock, concrétisé l'année d'après avec l'album Rebirth. No Ceilings a été lui-même assemblé rapidement, avant un passage annoncé par la case prison, et elle peine à égaler ces mixtapes références qu'ont été Dedication 2 et Da Drought 3, même si elle est encore assez réjouissante.

Le procédé est toujours le même. Lil Wayne réutilise la musique de quelques titres du moment, ceux notamment de Jay-Z, Kid Cudi, Noreaga, Twista et Waka Flocka, trois morceaux de l'autre rappeur le plus important de ces années-là, Gucci Mane, un de la chanteuse soul Gladys Knight, ainsi que le très irritant tube de Black Eyed Peas et de David Guetta, "I Gotta Feeling", renommé donc "No Ceilings".

Comme d'habitude, il substitue aux originaux ses textes faits de divagations, de bons mots et d'associations d'idées aux airs d'improvisations, visiblement marqués par une consommation effrénée de drogues. Des textes qui, pour l'essentiel, tournent autour de deux thèmes : 1 – le rappeur prétend n'avoir aucune limite à son succès ; 2 – avec son goût de la formule, il fait état de ses envies et de ses prouesses sexuelles.

L'intérêt des mixtapes de Lil Wayne, on le sait, c'est qu'il y s'approprie les titres des autres, qu'il les rend parfois supérieurs aux originaux, par la grâce de ses acrobaties verbales. Il le fait encore ici, à l'occasion, mais avec moins d'éclat. Il fait toujours preuve d'humour, mais on le sent forcer la dose quand il s'esclaffe tout seul et qu'il se réjouit de ses propres saillies, à la manière de ces séries TV dont les rires préenregistrés nous indiquent quand elles sont censées être drôles.

Et quelquefois, il court après les instrus des autres, dégonflant plutôt que sublimant les titres originaux, en particulier quand il cherche à s'emparer de ces "Wasted" et "O Let's Do It" issus de la jeune génération trap music. Ou bien il se fait voler la vedette par ses propres protégés, comme quand il investit le "Sweet Dreams" de Beyoncé avec Nicki Minaj, et que cette dernière est la principale attraction du morceau.

En revenant ces jours ci vers No Ceilings, Lil Wayne voudrait sans doute renouer avec ce qui a été l'une des dernières manifestations de sa période la plus faste. Mais peut-être l'édition originale a-t-elle annoncé, déjà, le début de la fin.

Ecouter la mixtape

PS : la mixtape désormais disponible sur les plateformes du streaming est une version très expurgée de l'originale.