Creative Control :: 2013 :: télécharger la mixtape

Sunday School II, d'abord, s'avère mieux produit que son prédécesseur. Le mix est plus convaincant, on s'approche de la qualité d'un véritable album ; la mixtape a beau être distribuée gratuitement, la compression est limitée au strict minimum. Aussi, tout cela a cessé d'être une entreprise artisanale et solitaire, Tree s'étant entouré d'un nombre conséquent de producteurs et de collaborateurs, parmi lesquels des gages de qualité comme le voisin de Detroit Danny Brown et le revivaliste East Coast Roc Marciano. Enfin, l'homme de Chicago a donné un thème général à ce projet, celui de la messe dominicale, dont il suit la structure rituelle.

La messe, oui. Parce que Tree, comme avec la mixtape précédente, reprend le thème primordial de la musique afro-américaine : ce conflit éternel entre le sacré et le profane, entre le péché et la rédemption. Il le souligne d'entrée par le contraste entre l'orgue d'église et les cliquetis d'armes de "Safe to Say". Tel est le sens de son genre à lui, la soul trap : cet homme installé vivant honnêtement de ses talents commerciaux et célébrant sa réussite ("Most Successful"), ne renie pas sa jeunesse de dealer de crack qui a grandi dans l'un des quartiers les plus dégradés de Chicago. Tree aime à entretenir cette ambigüité, il la projette aussi sur les personnages de ses raps, comme la femme libérée dépeinte sur "So Bad".

Tout cela, associé à sa voix rauque de bluesman fou, couplé aussi avec son mélange personnel de voix samplées accélérées et de motifs rythmiques issus de la trap music d'Atlanta, c'est ce qui reste constant avec Tree. Ce qui s'améliore, en revanche, c'est la consistance d'ensemble de cette sortie. Seul "Say How U Feel" et "Hurt" et un "Thankful" où son soul trap tourne à la formule, ventres mous du projet, peinent à convaincre. Le reste, au contraire, est bourré de temps forts : le traitement incroyable du "Can’t Help Falling In Love With You" d'Elvis sur "The King", les chœurs de "Devotion" (l'ex single "Get It"), les morceaux finaux, ceux précisément qui flirtent le plus avec le Sud Sale, voire avec la drill music locale, sont une raison suffisante pour que Tree, en 2013, capte une attention universelle.