Quand on voit qui compose Swamp Thing, on sait à quoi s'attendre. Avec Timbuktu et Chokeules de Toolshed d'un côté, et Savilion de l'autre, personne ne sera surpris de découvrir en Creature Feature un album réjouissant, rempli à ras-bord d'un esprit ludique et d'un tempo vif hérités de l'époque old school, et plein de samples, de scratches et de rimes savantes comme au bon temps des années 90. Tout cela est dans la droite lignée du style Backburner, d'autant plus que d'autres membres du collectif canadien, Jesse Dangerously, Wordburglar, More Or Les, Ghettosocks et d'autres, viennent prêter main forte à nos trois camarades.

SWAMP THING - Creature Feature

Hand'Solo Records :: 2012 :: acheter cet album

Le titre, une référence à de vieux téléfilms d'horreur, le nom du groupe, celui d'une créature de comics, et la pochette, qui détourne de manière amusante celle du Midnight Marauders d'A Tribe Called Quest, montrent que le trio a choisi cette fois de se focaliser sur un sujet précis : le cinéma de série Z. Tout au long du disque, il n'est question que de monstres terrifiants ("B-Movie Monster"), de séries à la Star Trek ("First Contact"), d'exploration de la planète Mars ("Red Planet"), de la machine à remonter le temps de H. G. Wells ("Time Machine Massacre"), de flics machos et invulnérables ("8-Track Playback"), voire de John Carpenter, l'auteur culte de films d'horreur et de science-fiction, sur le morceau qui porte son nom.

Savilion, qui produit l'album, utilise les sons adéquats : cordes d'outre-tombe sur "The Damned", orgue mortuaire sur "All About the Brains". Il agrémente certaines plages d'extraits de vieux nanars cultes ou oubliés, de sirènes de police, de tirs de pistolets laser, de rires macabres et gras, de cris d'effroi, notamment sur le festival qu'est "Creature Feature", le posse cut final avec Modulok et une bonne part de la famille Backburner. Même les samples issus de classiques rap, quelques mots de Busta Rhymes, de Method Man et d'autres, traitent du même thème.

A tout ce cirque, s'ajoutent les points forts de la formule Backburner : un goût pour les raps acrobatiques, de trépidants exercices old school ("Reefer Vendetta"), les scratches furieux d'Uncle Fester, des samples soul façon classic rap new-yorkais ("First Contact") et les beats malins et bondissants coutumiers à ces Canadiens. Cette recette, qui leur réussit bien, permet au trio de livrer avec le mélodique "Time Machine Massacre", l'entrainant "Red Planet", ou le claironnant "John Carpenter", une petite poignée de tubes potentiels et de titres extatiques.