Originaire d'Aurora, à quelques encablures de Chicago, Marco Jacobo exploitait la même veine que les producteurs de l'écurie Galapagos4. Son premier album évoquait d'ailleurs le Leo Vs. Pisces sorti par Meaty Ogre au même moment. Dans un cas comme dans l'autre, c'était un travail habile réalisé à base de samples, ainsi qu'une alternance bien sentie de titres rappés et de plages sans parole. Les deux hommes se connaissaient bien, puisqu'ils avaient enregistré un disque commun (Meet your Maker Vol. 1). Et Birthwrite Records, le label de Pugslee Atomz, où sortait cet album, Honestly, était en quelque sorte le jumeau de Galapagos4. Pourtant, par sa finesse, Maker se distinguait de la plupart des autres beatmakers de cette scène.

MAKER - Honestly

L'une des différences avec Meaty Ogre, c'est que Maker recrutait ses rappeurs un peu plus loin qu'en Illinois. Certes, il y avait quelques figures centrales de l'underground local, les Nacrobats, Lord 360 et Thawfor, ainsi qu'un Qwel en forme. Ce dernier inaugurait sa longue et fructueuse collaboration avec le producteur d'Aurora sur "Honestly", en se faisant sarcastique et en recyclant les paroles du "In Bloom" de Nirvana. Mais il y avait aussi, venus d'autres cieux, les deux autres grands partenaires de Maker, avec lesquels il venait de fonder le trio Glue, le turntablist DJ DQ et le rappeur Adeem des Dorian Three. Et puis aussi, une poignée de Canadiens inspirés, Sarcazm, Josh Martinez et Governor Bolts, qui venaient sublimer un "Uphill Climb" rien de moins qu'excellent, avec son piano fabuleux et son petit banjo subreptice.

L'autre trait distinctif de Maker, justement, c'étaient tous ces petits détails musicaux. C'étaient ses beats, plus habités que ceux de l'ogre charnu. Plus mélodieux et plus organiques aussi, à l'image du funky "Jumpin Lilly". Des beats qui fonctionnaient quand ils s'effaçaient derrière des rappeurs, comme le prouvait un très bon "Intended For" avec Costume, mais qui prenaient plus d'ampleur encore sur les longues plages instrumentales suaves et langoureuses qui parcouraient l'album, des "Dead of Winter", "Tomorrow by the Ocean", "How about This', "Call Center Anthem", "Lost at Last" absolument gracieux, ainsi que ce formidable "Enter the Mind" tout en scratches, basse, piano et chœurs jaillissants. Tous annonçaient, de la plus belle des manières, l'avènement d'un vrai musicien, celui d'un véritable compositeur de hip-hop.

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