Non content d'exister encore, Toolshed reste fidèle à sa recette. Sorti quatre longues années après son dernier album, Relapse, ce The Lost daté de 2011, signé chez le tout aussi increvable label Hand'Solo, et regroupant des titres originaux accompagnés d'une poignée de remixes, ne dépaysera aucun des connaisseurs qui ont déjà goûté au hip-hop bondissant et jaillissant du groupe de Toronto.

TOOLSHED - The Lost

Hand'Solo Records :: 2011 :: acheter ce disque

Toolshed fait partie de ces groupes qui, très vite, ont trouvé leur formule. Ils sont de ceux qui ont atteint d'emblée leur vitesse de croisière et n'ont jamais dérivé. Avant même le joyeux "It’s Psybo, Chokeules and Timbuktu, also known as the Toolshed crew!" de "Peppercorn", nous nous trouvons en terrain connu, avec ce trio de gais lurons qui, sans rien oublier des rimes et des allitérations riches du emceeing moderne, nous ramène au temps de la old school, quand le hip-hop était facétieux et trépidant, quand les MCs jouaient les uns avec les autres, qu'ils déclamaient leurs raps en chœur, et qu'ils raffolaient de scratches débridés.

Mais la singularité cardinale de Toolshed, plutôt que son esprit vieille école, ça reste avant tout ces basses rondes, ces caisses claires et ces cymbales au feeling live qui, couplées aux raps soutenus des rappeurs, propulsent chaque morceau et lui apportent un groove imparable. Comme depuis toujours. Comme tellement, depuis toujours, que c'est là le seul reproche à faire à cette sortie tardive de Toolshed : elle est en pilotage automatique. Elle a un côté recette, presque prévisible, en dépit du renfort occasionnel de comparses issus de la même scène canadienne, More or Les, Wordburglar et Savilion, venus varier les plaisirs.

Tout le disque est plaisant, mais les titres vraiment remarquables sont plus rares qu'à l'accoutumée. Ils se limitent aux morceaux finaux, aux cuivres façon Blaxploitation de "Final Round" et aux remixes dans l'ensemble réussis (cet "Irish Tiger Balm part 2" extatique et très wizz), ainsi qu'à deux titres tout en violons, un "Club Suck" qui s'en prend aux artistes dance et grand public, Black Eyed Peas et Lady Gaga en tête, et un "Worse for Wear" virevoltant. Soit une petite moisson, pour un disque où les trois de Toolshed ont fait le job, mais oublié quelque part en route les saveurs des très bons Toolshed (2002) et Illustrated (2003).