Stray Records :: 1999 / 2001 :: acheter ce disque

Ceux qui avaient découvert Stray Records par la compilation Stray from the Pack (2000) n'étaient pas étonnés d'entendre chez SunnMoonSekt un son dur, atypique et porté sur les expérimentations. Pour autant, pas d'escapades drum'n'bass sur ce disque, comme ailleurs sur ce label. La production, moyens limités obligent, était rêche et minimaliste. Quant aux beats, ils étaient austères et oppressants, dans l'esprit du rap indé de science-fiction de l'époque, mais sans boursouflage ni effets superflus ; cela aurait d'ailleurs très mal collé aux paroles des MCs, assez conventionnelles, dans le genre du street rap à tendance paranoïaque.

Et tout cela était très bon ; exceptionnel même, digne de tous les superlatifs. SunnMoonSekt proposait une sorte de synthèse idéale entre la virulence du style gangsta rap et la créativité du hip-hop alternatif. Passée une intro humoristique où un quidam réclamait du "SunnMoonSekt" à un restaurant asiatique, le duo embrayait avec un "Area 33rd" très atmosphérique et un "Raw Apparatus" insistant. C'était alors très bien, mais encore un peu trop normal. Ce n'était en fait qu'à partir d'un génial "Do Tha Sunn Moon" ultra minimaliste, que nous partions plus haut, de plus en plus haut. Jusqu'aux sommets décharnés, sublimes et vertigineux qu'étaient "Town Shit", l'invitation à l'action de "Order of Assassins" et surtout "DethBlow", trois titres extraordinairement agressifs et hypnotiques.

Les plages suivantes nous ramenaient sur des terres un peu plus mornes et attendues, mais l'album se terminait idéalement, avec un obsédant "Twisted Metal Rejekts" étiré sur un fond musical d'une noirceur sans fin, dernière perle de hip-hop électronique violent et sale qui, comme les autres, nous rappelait que produire de la bonne musique n'a jamais été qu'une simple question de moyens, et qu'il n'a jamais été nécessaire de brosser l'auditeur dans le sens du poil pour le satisfaire.