Ayant côtoyé la communauté black et éprouvé leurs techniques dans les block parties, maîtrisant parfaitement les codes de la culture hip-hop, MC Serch et Prime Minister Pete Nice, épaulés par leur DJ Richie Rich, l’Afro-Américain du trio, ont su s’accaparer ce genre sans renier ses codes et ses gimmicks (les odes au quartier sur "Brooklyn Queens", les leçons de vie sur "Wordz of Wizdom", les diss tracks avec ce "The Gas Face" connu pour avoir révélé un certain Zev Love X, futur MF Doom), sans rejeter ce que leur bagage de petits Blancs middle class instruits pouvait leur apporter : une capacité à jouer avec les mots, enrichie par une culture classique (Pete Nice avait été étudiant en lettres) et une dose carabinée d’humour.

3RD BASS - The Cactus Album

Def Jam :: 1989 :: acheter ce disque

Avoir ajouté un peu de blanc aux couleurs du rap n’a cependant pas été le seul mérite du trio. Aujourd’hui même, en dépit de titres faiblards ("Soul in the Hole") et de passages humoristiques bancals accompagnés d’un beat rasoir ("The Cactus", ce "Flippin' Off the Wall..." interminable censé désamorcer par le rire toute attaque raciste envers nos petits Blancs), The Cactus Album reste, sinon un classique, un disque solide. Il a résisté plutôt vaillamment à l’épreuve du temps.

3rd Bass avait mis toutes les chances de leur côté en recrutant les producteurs les plus inspirés du moment, à savoir, outre eux-mêmes et Sam Sever, rien de moins que Prince Paul et le Bomb Squad. Et aujourd’hui, les beats accrocheurs qui composent "Sons of 3rd Bass", les percussions trépidantes des deux "Wordz of Wizdom" (et en particulier de l'hypnotique deuxième version), les cuivres de "Product of the Environment", les atours très funky de "Brooklyn Queens" ou les furies sampladéliques estampillées Bomb Squad ("Steppin’ To the A.M.", et la métaphore filée coquine de "Oval Office") se montrent toujours aussi réjouissants.