Ce constat a déjà été fait ici, à plusieurs reprises : il existe deux catégories de personnes dans le monde de la musique, deux populations si opposées qu'il est rarissime d'appartenir aux deux simultanément. Ces deux profils, ce sont d'une part les artistes, de l'autre les activistes. Sans les derniers, rien ne se passerait, mais c'est aux premiers qu'on doit les bons albums. Sans l'ombre d'un doute, Joe Dub appartient à cette deuxième catégorie. Le bonhomme a beau s'être exilé au beau milieu du pacifique dans une retraite hawaienne, il contribue à entretenir la flamme de l'underground hip-hop californien avec son label Asita Recordings, il est l'une de ces personnes rares capables de réunir au sein d'un immense posse cut vingt-trois rappeurs et trois turntablists de la scène West Coast Underground, d'Ellay Khule à Subtitle, de Mestizo à Existereo, en passant par Ceschi Ramos.

JOE DUB - Pooretry

Asita Recordings :: 2008 :: acheter cet album

Mais ce titre, "La2theBay", ce tour de force, cette interminable mais palpitante auto-célébration emmenée par une boucle très accrocheuse de Deeskee, véritable défilé de fortes personnalités, est de loin la meilleure plage du dernier album de ce bon vieux Joseph. Celui-ci a beau faire tourner les beatmakers et varier les thèmes, le reste est terne. Il n'y a même pas ces petits attraits qui avaient fait de sa collaboration avec le producteur canadien Factor un album tout à fait sympathique. Les meilleurs titres, ce sont en fait ceux où interviennent des rappeurs plus accomplis que l'interprète sans charisme qu'est Joe Dub. Il se passe un petit quelque chose quand Ellay Khule vient exploser le beat lourdingue de "The Getdown" avec son flow de dingue, et dans une moindre mesure sur ce "Dirty Money" qui profite du renfort de Hugh EMC et de Riddlore. Mais quand Joe Dub s'exprime seul sur des beats mous du genou, non, décidément, ça ne le fait pas.