Cela fait un petit moment qu’un petit buzz monte autour d’Andy Bothwell, alias Astronautalis, annoncé auprès du public indé comme le nouveau héros du folk rap intimiste devenu presque monnaie courante depuis le début des années 2000. Avant même sa sortie mi-2006, The Mighty Ocean & Nine Dark Theaters a été précédé d’une rumeur favorable. Et il faut reconnaître que le Floridien a très bien préparé les choses pour ce second album. Il l’a chiadé.

ASTRONAUTALIS - The Mighty Ocean & Nine Dark Theaters

D’abord, il s’est arrogé les services exclusifs du producteur Radical Face (Morr Music, pour situer) qui lui a livré une production aux petits oignons avec tout l’attirail de mise, guitare acoustique, piano, orgue, harmonica, accordéon, mandoline, banjo, et agrémentée comme il se doit de blips, synthés et rythmes sautillants. Ensuite, il a conçu un bel objet avec cette jolie pochette cartonnée accompagnée d’un jeu de treize petites photos, une par chanson, avec les paroles au dos. Enfin, les titres en question ont fait l’objet de plus d’un an de travail intensif de la part des deux compères et de quelques autres sollicités à la marge, comme le beatmaker Skyrider. Manifestement, pour faire suite à un You and Yer Good Ideas prometteur mais lo-fi, vendu à l'origine en marge de ses concerts, Astronautalis était bien décidé à faire œuvre.

Et c’est presque totalement réussi. Entonné avec un phrasé qui parcourt l’ensemble de l’espace qui sépare le rap du chant, les morceaux de The Mighty Ocean & Nine Dark Theaters oscillent invariablement entre le joli, au pire, et l’excellent, souvent. Ayant voulu faire de son disque un adieu à l’adolescence, Astronautalis empile les souvenirs de cette période révolue, amour passager mort sur la plage ("Seaweed Shuts", le titre le plus intense du disque), rêves de belles échappées ("Love Song for Gary Numan"), dîner qui tourne mal ("My Dinner With Andy"), perdition dans une ville étouffante ("Down and Out in the Bold New City of the South" et ses trois mouvements), avec un soin particulier porté aux mots. Jamais, par exemple, personne n’avait peaufiné ainsi le récit d’une chute de skate-board ("Short Term Memory Loss").

Pour peu, Astronautalis mériterait le titre de nouveau Buck 65 que certains ont déjà pu lui attribuer. La similitude entre les deux artistes est parfois frappante, sur "Astigmatism", par exemple. Toutefois, les thèmes traités par le Floridien sont plus ciblés et il ne pratique pas l’humour, au moins sur ce disque, tandis que son registre vocal, nourri sans doute par son passé de battle MC, est en revanche plus étendu. Astronautalis a son propre style, il a son propre talent, sa propre voix, et ce second album est l'occasion rêvée de les découvrir.

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