Nos amis de Clouddead s'assagissent, leurs morceaux sont plus carrés et plus identifiables que par le passé. Ils se poppisent aussi. Après Why?, c'est Dose qui se met au chant. Mais pour le reste, le contenu de Ten est fidèle aux surprises et au caractère inclassable du précédent album.

Mush Records / Big Dada :: 2004 :: acheter ce disque

Mine de rien, ils ont changé nos amis de Clouddead. Ils sont aussi inclassables que par le passé, mais ils se sont assagis. Au lieu du brouillard sonore et des multiples bouts de chansons de 15 secondes qui composaient le précédent volume, Ten comporte 10 morceaux plus clairement délimités, chacune assez unique, reconnaissable, et doté d'un son plus pro que par le passé. Clouddead est moins hip hop aussi. Rien d'étonnant concernant Odd Nosdam, qui n'a jamais vraiment donné dans le boom bap. Rien de surprenant pour Why? non plus, qui sort d'un Oaklandazulasylum et d'un Hymie's Basement plus pop qu'autre chose. Mais Dose aussi chante maintenant plus qu'il ne rappe. Les flows rapides, le rap dans tous les sens et les exercices des débuts ne concernent plus que quelques passages minoritaires ("Rifle Eyes").

Moins éclatées, les plages n'écartent pas pour autant les surprises, les imprévus, les ruptures de rythme et les effets psychédéliques qui ont fait la marque de cLOUDDEAD, l'album. Sans prévenir, au milieu d'une plage, peut surgir une flûte, des harmonies vocales à la Beach Boys ou une électroniquerie insistante. Et les paroles de Why? et Dose sont faites comme toujours d'absurde et de divagations, même si parfois, au détour d'un passage plus immédiatement compréhensible, filtre une observation claire et pertinente ("The makers of guns will never get hungry (...) May their children always play murder weapons since stick" sur "Son of a Gun").

En quelque sorte, Ten est l'album de Clouddead espéré, celui qui prolonge et qui domestique les petits coups de génie éparpillés sur toute la longueur du premier album. Mais ce faisant, hormis sur quelques titres charmants comme "Physics of a Unicycle" ou comme l'impeccable single "Dead Dogs Two", irréprochables, il les rend peut-être moins intrigants, moins éclatants et moins affriolants. Là est sans doute le seul reproche à faire à ce disque solide et plutôt bien foutu.