La pochette, parcourue de dessins sombres, énigmatiques et atypiques dans le monde du hip hop, ne nous donne pas beaucoup d’indices. Elle suffit cependant à nous intriguer, d’autant plus qu’il est difficile de faire la fine bouche devant la sélection proposée sur cette cassette.

Autoproduit :: 2002

Contrairement aux auteurs de la plupart des mixtapes récemment citées et vantées sur ces pages, celui ou ceux de The Audience is Listening nous sont complètement inconnus. Premier volume d’une série qui doit apparemment en compter de nombreuses autres, cette cassette nous provient de Belgique. La pochette parcourue de dessins sombres, énigmatiques et atypiques dans le monde du hip hop (des gens presque sans visage qui jouent aux échecs sur des tons à dominante brune) ne nous donne pas beaucoup d’indices complémentaires.

Elle suffit cependant à nous intriguer, d’autant plus qu’il est difficile de faire la fine bouche devant la sélection proposée sur cette cassette. Nourrie à l’APC, au Tes, au Deep Puddle Dynamics, au Qwel, au Awol One, au Mars Ill, au Aceyalone, au Rubberoom, au Eyedea & Abilities, au Slug et au Mr. Len, elle est dans le droit fil de notre propre ligne éditoriale. Tout juste peut-on lui reprocher de ne proposer que les morceaux connus (à notre échelle) d’artistes connus (à notre échelle). Mais ne boudons pas notre plaisir devant une suite de titres qui ressemble de très près à notre playlist rêvée.

Le mix, de son côté, est rondement mené. La tape respire constamment le travail sérieux et consciencieux. Les enchaînements sont sans accrocs. Des extraits de titres non cités sur la pochette (ici du Co-Flow, là du Molemen, ailleurs les Micranots), mais du même tonneau que la sélection officielle, ou issus d’autres genres (j’ai cru reconnaître du King Crimson) surviennent ça et là au bon moment. Le seul véritable regret est la sagesse et la révérence de tout cela, sa conformité aux canons d’un hip hop certes exigeant, mais pas assez déjanté, trop retenu. On jurerait une mixtape middleground anodine de plus, un peu "premier de la classe", n'était-ce un choix d'artistes de meilleur goût.

Qu’à l’avenir, à l’occasion des tapes à suivre, l’auteur tente un mix irrévérencieux à la hauteur de sa sélection, qu’il fasse subir au hip hop les derniers outrages qu’il mérite (à l’instar d’un Orgasmic, par exemple), et nous pourrions avoir alors du très bon.