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Tout cela n'a rien d'étonnant pour un MC qui a bâti l'essentiel de sa carrière sur Internet et le netceeing. Rien de surprenant puisque Obese America, compilation des sorties antérieures de l'artiste, n'est pour lui qu'un dernier regard dans le rétroviseur avant de passer aux choses sérieuses. Titres anciens et récents, plages produites proprement ou franchement crades, purs morceaux solos et collaborations, originaux et remixes, productions de DJ Erase, DJ Large, Judge, Fader, Artur Hawking, DJ Pete ou Rorschach de UIB se succèdent et se télescopent sur cet album long, abondant et bavard, dont l'unique fil conducteur est le emceeing constant et quasi permanent de Sankofa.

Les titres d'Obese America sont vraiment de toutes origines. Certains comme "Beatjackolantern2" ou "Unhewn" proviennent de la fameuse collection de freestyles Billy Bossij Presents...the Igloo Mixagain ; d'autres comme "Freeze" et "ID Drop" ont été concoctés pour des mixtapes, sans forcément que le projet ait abouti ; d'autres encore sont vraiment sortis, avec le même mix ou pas, comme "Emasculation" (le premier véritable morceau de Sankofa) ou "Pythagoras".

Puisqu'il faut donner envie (Sankofa le mérite), quelques uns des vingt titres du disques doivent cependant être mis en avant. Ce sera naturellement les deux derniers cités : l'increvable "Emasculation" ("my crew is the one thing..."), sorti à l'origine sur un maxi du compère Kashal-Tee ; et "Pythagoras", le bonus track et l'un des meilleurs titres du Art of Reflective Evolution de MCK2 et Shorty Raw. S'y joindront quelques autres comme "Soylent I'd Banded", "Bankshot" et "LazSyn", le premier titre de la Society of NIMH, le collectif que Sankofa et Kashal-Tee forment avec Double Helix (Spon et JON?DOE). Et peut-être, au chapitre des bizarreries, le remix de "Wimmera St.", évocation par Sankofa de la rue de son enfance sur une succession de guitare acoustique et de drum'n'bass.

Difficile de poursuivre une telle chronique sans barber ceux qui n'auraient pas suivi de près le développement de cette scène. Obese America est un document, il est donc tentant de le traiter sur le ton d'un documentaire. La seule façon de s'en sortir autrement est de se contenter de signaler l'existence de quelques perles dans ce vieux coffre costaud bourré des premiers souvenirs de Sankofa.