Le crédo de MC Potbelly, c'est que la mode actuelle pour les paroles alambiquées polysémiques et futuristes va nécessairement disparaître, et qu'il est temps de réhabiliter la simplicité. C'est donc avec une apparente naïveté que "le plus mauvais rappeur du monde" déclame sur le ton sérieux d'un collégien ses courtes histoires aux forts relents de sexe. Alors évidemment, quand s'ajoute à cela ses boucles bricolées maison avec la touche "replay" du magnétophone dans des conditions qui dépassent le lo-fi le plus outrancier, l'auditeur ne se demande qu'une chose : "il s'amuse bien, mais c'est quand que commence le disque ?".

Mais finalement, il faut bien qu'il se rende à la première évidence, l'intégralité de My Favorites (16 titres) et du Christmas Album (5 morceaux) est ainsi. Encore plus pourri niveau son que la dernière des démos enregistrée 10 fois sur K7 après le 78 tours original. Le même auditeur doit aussi se rendre à la deuxième évidence (enfin, pas si évidente que ça l'évidence), MC Potbelly est dans son genre assez génial. Il n'y a qu'à écouter les paroles du premier titre, "Horizontal".

Le MC n'a pas besoin de phrasé polyrythmique et de mots qui n'auraient jamais dû sortir du dictionnaire pour impressioner. Il n'a qu'à raconter ses ébats sur un ton naturel et naïf avec juste ce qu'il faut de métaphores pour parvenir à ses fins. Ce titre est un bijou, et vous ne pourrez vous détacher de son leitmotiv "don't stop, the horizontal hip hop".

Voilà, c'est malin. Après cela, ceux d'entre vous qui voulaient malgré tout nous envoyer leurs démos ne vont plus oser le faire. Ils auraient tort pourtant, tout comme ils ont tort de snober MC Potbelly, car il est ni plus ni moins que le Daniel Johnston du rap. Une comparaison qui le flatte, quoi qu'il nous signale que lui n'est pas fou. Ceux qui ne connaissent pas Daniel Johnston sont instamment priés de se pencher sur le bonhomme et de nous envoyer quand même leurs démos. Cela les excusera de ne pas comprendre les qualités que nous trouvons à MC Potbelly.