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Il y a tout juste un an, à l'occasion d'une interview avec Kunga 219, nous avions noté une profonde similitude entre ses propres sons et celles de Hood. Rien ne de plus similaire que ces deux musiques diaphanes et nimbées venues tremper les paroles justes et concises d'un chanteur ou d'un rappeur. Rien de plus normal pour de tels artistes que de se découvrir un jour et de collaborer. Nous n'avons cependant pas été tout à fait prophètes. Ce n'est pas avec les artistes d'Halifax que Hood a finalement choisi de collaborer, mais avec Dose One et son comparse Why?, rencontrés via la virée anglaise de cLOUDDEAD chez Big Dada.

Les rappeurs décalés habitués à ces pages ne doivent pas s'y tromper : Hood (les frères Chris et Richard Adams) n'est pas devenu intéressant le jour où Dose s'est penché avec eux sur ce nouvel album. Leur origine remonte au début des 90's et ils ont su livrer au coeur de la décennie des disques comme Cabled Linear Traction devenues cultes depuis. Le précédent opus des anglais, The Cycle of Days and Seasons, n'est lui-même rien de moins qu'un classique du meilleur bois, au charme lent et durable. Délaissant les guitares de Cabled Linear Traction, le groupe y avait inventé une sorte de folk anglais du futur, trempé d'électronique et de samples courts et pertinents, à la fois fragile et conçu pour durer.

Cold House, le nouvel album, ne dépareille pas vraiment. Hood excelle toujours à marier sonorités acoustiques chaudes et intimistes (cordes, guitare, batterie) et bidouillages électroniques glacés, le tout dans un grand dépouillement. La marque de fabrique des frères Adams, c'est de marier les contraires. Et c'est précisément à cela qu'ils emploient Dose One : aigre, excessif, le rappeur vient compléter, noyer, achever la voix suave et douce du chanteur. Ici ("They Removed all Trace That Anything Had Ever Happened Here"), il son flow rapide met fin à un savant crescendo, là ("Branches Bare"), accompagné par Why?, il clôt le titre sur un ton funeste.

L'univers de Hood, certes renforcé par Dose, reste donc strictement le même. A une exception près, toutefois, une exception remarquable : désormais, le groupe livre des hits. Enfin deux, plus exactement : l'irréstible "You Show no Emtotion at All" et son quelque chose de New Order, et "I Can't Find My Brittle Youth". Sans pour autant être à même d'atteindre les sommets des charts, les premiers titres sont également nettement plus accessibles que sur The Cycle of Days and Seasons. Il semble que Hood ait décidé de partir du format chanson pour entraîner plus facilement l'auditeur vers ses rivages habituels.

La dernière moitié du nouvel album s'attèle à réexplorer le précédent, avec un accent expérimental et électronique plus marqué (sur "This is What We Do To Sell Out(s)" notamment) sans parfaitement atteindre le même niveau, mais sans trop s'en éloigner. Le disque pourrait presque s'éteindre dans une indifférence agréable, mais comme sur le précédent album, Hood sait où placer ses meilleurs morceaux : "You're Worth the Whole World", intégralement interprété par Dose, est tout bonnement magnifique, le rappeur se montrant parfaitement à son aise avec cette musique qu'il était destiné à rencontrer.