Hi-Teknology n’est pas le pire album sorti chez Rawkus ces derniers mois. C'est un bon album, si si, pour de vrai, avec quelques bons morceaux dedans, et qui s’écoute d’un bout à l’autre sans poussée excessive d’urticaire. Mais un album à ranger dans une catégorie qui ne nous intéresse pas forcément, celle de la musique d’ascenseur.

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Depuis la déception de Train of Thought, album correct mais torpillage des espoirs déraisonnables placés en Reflection Eternal depuis Soundbombing et Black Star, nous avons juré de ne plus nous intéresser à Rawkus. Et pourtant, c'est plus fort que nous, nous y sommes revenus. Comme ça, de passage, au cas où. Juste histoire de voir ce que deviennent de vieux amis que les aléas de la vie ont éloigné de nous. C'est ainsi que Hi-Teknology est parvenu jusqu'à nos platines.

Premier constat, l'album solo du producteur de Reflection Eternal ne réserve pas la moindre once de surprise. Court, vite ficelé, il est tout entier parcouru de prods paresseuses qui doivent correspondre à l'idée qu'Hi-Tek se fait de l'éternelle âme noire, prisés ces dernières années par le rap à électroencéphalogramme plat de la scène middleground. Bien sûr, les beats imprégnés de soul, de jazz, ou de je ne sais quoi d’autre de black et de respectueux ne sont pas mauvais. Ils sont même plutôt agréables, surtout sur la première moitié de l’album : ici un petit rythme sautillant surmonté de voix féminines ("The Sun God"), et là une guitare acoustique ("Get Back Pt. II"). C’est chouette, c’est frais, super, on est contents. Mais que diable, où est passé "Respiration" ?

En guise d’ornements, Monsieur Hi-Tek parsème ses productions feignasses de quelques choeurs r'n'b-euh-pardon-nusoul pas trop dégueu ("all I need is you", dommage, c’est pas réciproque) à intervalle régulier. Ô surprise, "Round & Round", l’une de ces sucreries, est même l’un des meilleurs titres de l’album. Incroyable, enfin une chanson r'n'b-euh-pardon-nusoul qui a vraiment un petit quelque chose de soul. Tout arrive.

Bien entendu, tous les représentants autrefois adulés de ce hip hop adulte chiant comme ton père se pressent pour rapper sur les productions de Hi-Tek (Common, Slum Village, outre les incontournables Mos Def et Talib Kweli), renforcés par les vieilles gloires qui se rachètent une nouvelle jeunesse en tournant autour de Rawkus (Buckshot). Mais là aussi, pas besoin d’être Nostradamus, tout est écrit, joué d’avance. Common copie Common, Mos Def imite Mos Def, Talib caricature Kweli. Et Slum Village est nul comme d'hab'. Finalement, c’est Buckshot qui s’en tire le mieux sur "The Illest it Gets", peut-être parce que l'instru sombre qui accompagne sa voix offensive prend tout l’album à contre-pied.

Hi-Teknology n’est pas le pire album sorti chez Rawkus ces derniers mois. Il est même l’un des meilleurs. Un bon album, si si, pour de vrai, avec quelques bons morceaux dedans ("Round & Round", "Suddenly", et "The Illest it Gets" dans une moindre mesure), et qui s’écoute sans poussée excessive d’urticaire. Mais un album à ranger dans une catégorie qui ne nous intéresse pas forcément, celle de la musique d’ascenseur.