En guise d'apéritif avant leur attendu premier album, Cannibal Ox et leurs copains nous offrent un aperçu de leur talent. D'accord, c'est engageant, c'est prometteur, mais il faudra en déployer plus pour convaincre.

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Malgré la signature de Cannibal Ox chez Def Jux et le haut patronnage d'El-P, la Atoms Family, collectif auquel ils appartiennent, reste méconnue. D'où l'intérêt de cette compilation, sortie en guise d'apéritif quelques mois avant The Cold Vein, l'album de hip hop indépendant le plus attendu de 2001. Sans le producteur de Co-Flow, mais entourés de leurs compères Alaska, Cryptic One, WindNBreeze (MCs), Jest One (producteur) et Cips (DJ), Vordul et Vastaire livrent sur The Prequel un bilan de leurs aventures passées, censée par la même occasion annoncer un avenir radieux. Pour preuve cet embryon qui figure sur la pochette.

Comme toute compilation (ou presque), allongée qui plus est par force remixes, The Prequel est l'assemblage artificiel de morceaux de valeurs différentes. Même si passé un "2 Cool Cats" dispensable, l'impeccable et introductif "Atoms All Star" lance une formule (sons étranges et lointains, rythme instable, emceeing mordant) systématiquement reprise tout au long de l'album, ce dès le titre suivant, une première version de "Sexual Harassement", qui est déjà l'un des premiers sommets de l'album, aux côtés de "Cholesterol" et, dans une moindre mesure, du remix très éthéré de "Who am I" et du piano mix de "Nuthin Really Happens".

De fait, ce son, ouaté et menaçant à la fois, est celui qui convient le mieux à la Atoms Fam. Dès que le collectif s'en détourne, sur un "Rhyming for Dummies" quelconque notamment, ou s'en écarte juste un peu, sur un "Adversity Strikes" reposant tout entier sur les solides épaules de Vastaire, sur "Not for Promotional Use" ou sur la deuxième version de "Sexual Harrassement", The Prequel devient ennuyeux.

Cette compilation n'est donc pas un chef-d'oeuvre. Mais il n'était pas question de cela, juste de donner un aperçu de ce dont le collectif est capable. Et de ce côté là, c'est plutôt réussi. Aucun des MCs présents ici n'est mauvais, même si Vastaire les domine tous d'un talent à la hauteur de sa corpulence. Et même sans El-P, les beatmakers atteignent parfois le sublime, notamment sur le premier "Sexual Harassement". On ne demande donc qu'à croire Vast quand il explique la symbolique derrière le nom du collectif : "an atom is a small thing with a large destruction amount" : "un atome est une petite chose aux larges capacités de destruction". Mais maintenant, que ces capacités s’expriment.