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Sans jamais exploser auprès du grand public, mais sans rester confiné pour autant aux tréfonds de l'underground, Planet Asia s'est au fil des années ménagé un statut singulier. Il est en quelque sorte devenu l'étendard de la frange la plus conservatrice du hip hop indépendant, une frange débarrassée des scories gangsta, mais restée respectueuse des règles étouffantes dans lesquelles le genre s'est progressivement engoncé. The Last Stand, deuxième EP de Planet Asia après une première sortie respectable et un How the West was Won déjà plus problématique (signé aux côtés de Rasco sous le nom de Cali Agents), va malheureusement plus encore vers ce rap que d'aucuns ont désigné par le terme grotesque mais explicite de middleground.

A quoi ressemble-t-il donc ce hip hop entre deux eaux ? La description est vite faite : quelques boucles de jazz top credibility, mille fois entendues, du genre "ma bible est signée Primo" (mais moins bon qu'un Primo dans ses pires moments), voire de l'infâme r'n'b ("You and Yours"). Vous savez, le r'n'b, ce 4367ème élément du hip hop, ce noble hommage plein de respect pour le passé glorieux des musiques noires (qu’est-ce qu’on peut en entendre, des conneries) ? Quant à Planet Asia lui-même, puisque ce type est avant tout un MC, son flow précis, rythmé, mais sans âme ni surprise, se complaît dans sa bonne conscience de rappeur soit-disant hors pair, et dans une attitude "real" dénuée de tout sens. Et une attaque contre les "wack MC’s" ! Et un ego trip à deux balles !

Bon, soyons honnête, il se passe bien un tout petit quelque chose sur "Takin Ova", grâce notamment à la voix de 427, ou sur "Weight". Enfin, tout du moins au niveau de la musique et du flow, Planet Asia poursuivant son pipi verbal sans intérêt ("ma grand-mère m'a toujours dit de faire attention aux gens qui m’entourent...", vachement profond...). Mais tout cela arrive bien tard. Tout juste Planet Asia et son entourage (sa grand-mère lui avait pourtant bien dit de s’en méfier) ont-ils eu la présence d'esprit de placer ces deux morceaux en fin de EP.

Allez, en toute honnêteté, essayons de parler de Planet Asia tel qu’il nous apparaît. Planet Asia, c'est le hip hop momifié, muséifié, figé. Mort. L'équivalent rap de Michel Jonasz et de sa boîte de jazz, du rock adulte et académique de Dire Straits, un truc aussi négligeable que la vague néo reggae qui sévit depuis quelques années dans notre malheureuse France, décidément perdue pour la musique. Planet Asia, c'est la caution undergound facile des anciens fans du genre pris en sandwich entre un rap sans cesse plus racoleur et des labels indépendants qui s'écartent sensiblement du hip hop qu’ils ont connu, et qu'ils ne comprennent plus. Mais en fait, mieux vaut encore la connerie la plus grotesque et la plus pute sortie dernièrement du Dirty South, ou l'expérimentation la plus naïve d'art fags à la Anticon, que ces chianteries démoralisantes. Planet Asia n'est pas nul, il est encore pire : totalement insipide.