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Rien d'étonnant à ce qu'un tel album ne se retrouve pas en tête des meilleures ventes. Même si l'ensemble est très produit comparé aux travaux précédents des Living Legends, le troisième album de Murs ne compte aucune bombe apte à partir à l'assaut des charts. D'ailleurs, le MC pousse l'affront jusqu'à ne pas donner de titre aux pistes de son album : initiative originale, le disque s'accompagne d'un crayon pour les auditeurs qui veulent nommer eux-mêmes chaque titre sur la pochette. Cette attitude underground certifiée n'empêche tout de même pas les producteurs Mum's the Word, Eligh et Oso d'étaler sur Murs Rules The World une palette de sonorités assez solides pour soutenir les propos de Murs.

Difficile en effet d'isoler les meilleurs morceaux, tant Murs et ses producteurs sont constants. Notons tout de même le premier (appelons le "Murs Rules the World"), brillant ego-trip produit par Oso. Notons encore le sautillant quatrième, l'orgue aigu et le penchant pour le sexe oral du sixième, le sage et funky neuvième ("The Zone" ?) et le douzième ("Like What" ?), une offensive en règle contre les players, rapide et bouncy, produite par l'irréprochable Eligh sous son pseudonyme de Gandalf. Dans un registre plus calme, retenir le texte du langoureux morceau 3 ("I Hate your Boyfriend" ?) ou plus encore celui de la piste 11 sur lequel Murs Èvoque les femmes enclines à s'énamourer d'hommes violents. Une autre grande réussite est le titre que l'on pourrait appeler "Way Tight". Pas tellement dans sa première version (piste 8), assez prise de tête, plutôt dans celle de la piste 14.

Comme les deux albums précédents de Murs (F*Real et Good Music), Murs Rules the World ne triomphera sans doute pas dans nos contrées (pas forcément pour la mÍme raison qu'autrefois ceci dit : en lieu et place de la production underground des oeuvres passées, ce troisième opus caresse tout de même dans le sens du poil, au risque d'ailleurs de heurter certains puristes undergound). Murs n'est pas encore une superstar, Murs n'est pas encore assuré de devenir le maître du monde. Mais il a déjà sérieusement investi le nôtre.