Hieroglyphics Imperium :: 2000 :: acheter ce disque

Comme beaucoup d'autres dans le hip hop, les Souls of Mischief n'ont jamais fait mieux que leur premier album, un 93 'till Infinity qui demeure un classique fondamental du genre. Non pas qu'ils aient cessé d'être respectables. A-Plus, Tajai, Opio et Phesto n'ont jamais cédé aux sirènes de la "jiggification", ils ne se sont pas mués non plus en icônes rap muséifiées. Poursuivant en marge l'aventure Hieroglyphics et fréquentant davantage les indépendants que l'intelligentsia hip hop, ils ont préservé leur statut sans cesser de privilégier la recherche et la fraîcheur. En 1998, ils sont même parvenus à livrer un excellent Third Eye Vision, avec l'apport décisif de Del, de Casual et du reste de leur collectif. C'est donc sans espérances démesurées, mais sans méfiance ni a priori qu'il faut s'attaquer à leur nouvel album, leur troisième seulement.

Formellement, Trilogy: Conflict, Climax, Resolution s'avère défendable. Pas de faille, pas de faute de goût. Pas de sample trop voyant non plus, ni d'emprunts irraisonnés à d'autres genres musicaux. Mais rien d'enthousiasmant non plus. Car l'ennui domine, plusieurs morceaux, sont d'une absence totale de saveur ("Tha Ain't Life", à titre d'exemple). De nombreux autres ("Trilogy", "The Interrogation" malgré la présence de Pep Love, etc...) ont beau rappeler vaguement l'aventure Third Eye Vision, ça ne fonctionne pas non plus. Impossible de donner un fondement objectif à ce jugement lapidaire, mais, non, ce disque n'est pas terrible.

Plusieurs écoutes permettent toutefois de rendre une relative justice aux Souls of Mischief, et de trouver des qualités à cet album d'apparence médiocre. Les deux titres issus du dernier single, tout d'abord, le pas mal "Medication" et le tout à fait excellent "Acupuncture", mais aussi "Bad Business" avec ses faux airs de Herbie Hancock, "4th Floor Friends" et sa ligne de basse sortie de chez The Cure ou d'un groupe dans cette veine, ou encore le long "Mama Knows" avec George Clinton, morceau synthétique et parsemé de chants féminins éthérés qui démontre que le maître du p-funk réussit assez régulièrement ses incursions dans le hip hop. Mais c'est tout, et c'est peu à l'échelle d'un album.

La comparaison avec le passé s'avère donc douloureuse. Surtout lorsque au détour de "Supdoder", l'un des titres pénibles de cet album, les Souls of Mischief commettent la faute rédhibitoire de recycler un sample déjà utilisé sur 93 'till Infinity. Aïe ! De quoi ramener à la raison le plus acharné des fans. Même si Trilogy: Conflict, Climax, Resolution gagne à être écouté plusieurs fois de suite, et passe ainsi de mauvais à moyen, la petite flamme qui, par exemple et curieusement, n'a jamais quitté les oeuvres de leur collègue Del, semble ici bien ténue.